La politique économique et sociale de Javier Milei a fait l’objet de plusieurs articles sur ce blog. Le congrès de l’Internationale de l’Éducation à Buenos Aires a été l’occasion de constater de nos yeux ses effets mais aussi d’apporter un soutien politique aux camarades qui luttent courageusement contre l’extrême droite au pouvoir.

Les ravages de l’inflation

Le pouvoir d’achat des argentin·es est dévoré par une inflation galopante. En août 2024, l’inflation cumulée sur un an atteignait pratiquement 236%. L’inflation est particulièrement forte sur les dépenses incompressibles et donc frappe plus durement les plus modestes : entre juillet et août 2024 le logement a augmenté de 7%, les transports de 5.1% et l’alimentation de 3.6%. Les conséquences sociales sont importantes: selon l’UNICEF, en Argentine un million d’enfants vont se coucher sans manger. D’autres sources indiquent que la moitié du pays vit dans la pauvreté. Symbole de cette inflation galopante, le fait de ne pas augmenter ses prix pendant une courte période, ici deux mois, est devenu un argument publicitaire pour certaines marques.

La tronçonneuse tourne à plein régime

La défense de l’école publique, gratuite, inclusive et émancipatrice pour toutes et tous a été un fil rouge de ce 10e congrès mondial. C’est cette même école qui est attaquée frontalement par Javier Milei. Dès sa prise de fonction, Milei a purement et simplement supprimé le Ministère de l’Éducation pour le réduire à un Secrétariat d’État au sein d’un « Ministère du capital humain ».

Milei s’est ensuite rapidement attaqué au pouvoir d’achat des professeurs en supprimant la prime FONID (Fondo Nacional de Incentivo Docente, un fond national pour favoriser l’attractivité du métier d’enseignant·e) mais aussi au budget des cantines scolaires et de l’équipement informatique.

Pour 2025, le budget de l’éducation sera réduit de moitié.

La préparation du budget 2025 laisse craindre le pire. Le pouvoir a annoncé une diminution de 50% du budget dédié à l’éducation. Certaines lignes budgétaires comme celles portant sur l’égalité femmes-hommes ou visant à l’amélioration de la qualité de l’éducation sont supprimées. L’éducation supérieure n’échappe pas non plus à la tronçonneuse avec une diminution de 28% de son budget.

L’éducation n’est hélas pas une exception. C’est l’ensemble des services publics qui sont frontalement attaqués par le pouvoir. La réduction des financements et l’inflation galopante détériorent rapidement les services publics avec de nombreuses conséquences négatives sur le quotidien des habitants.

¡Resistir!

Loin de se résigner, les argentins résistent courageusement aux attaques tous azimuts de Javier Milei et aux effets désastreux de sa politique. La Confederación de Trabajadores de la Educación de la República Argentina (CTERA)​ a organisé de nombreuses manifestations malgré la répression du pouvoir. La délégation du SNES-FSU s’est rendue le 7 août sur la très symbolique Plaza de Mayo pour apporter son soutien aux manifestants. Le slogan « Pan, Paz, Techo, Tierra y Trabajo » (« Pain, paix, un toit, de la terre et un travail ») symbolise à lui seul l’échec économique et social de Milei.

Une résistance qui n’est pas sans conséquences pour les militant·es qui font face à des campagnes d’intimidation sur les réseaux sociaux de la part des partisans de Milei. Les dirigeant·es des syndicaux sont régulièrement et nommément attaqué·es dans les médias par le président ou par ses proches.

La mémoire de la dictature

La délégation du SNES-FSU s’est également rendue à l’école militaire ESMA. Cet ancien centre clandestin de détention et de torture pendant la dictature a été transformé en centre de mémoire historique directement rattaché aux Ministère des Droits de l’Homme…dont les fonds se sont drastiquement réduits depuis l’arrivée au pouvoir de Milei. Malgré son rôle primordial, le bâtiment se dégrade aujourd’hui rapidement à cause du manque de moyens pour l’entretenir.

Par cette visite, la délégation a exprimé sa solidarité envers les fonctionnaires qui tiennent à bout de bras ce lieu de mémoire ainsi qu’avec les victimes toujours à la recherche de proches disparus ou de leur véritables parents. Cette démarche a été d’autant plus appréciée par nos interlocuteurs qu’au même moment des députés du parti de Javier Milei ont rendu visite en prison aux ex-tortionnaires de l’ESMA parmi lesquels Alfredo Astiz, condamné par contumace à la réclusion à perpétuité en France pour le meurtre de deux religieuses.

La solidarité par les actes

Ces quelques jours à Buenos Aires ont permis de resserrer encore davantage les liens forts qui unissent le SNES-FSU et la CTERA. Au SNES-FSU, la solidarité syndicale internationale ne s’arrête pas à des mots, elle est faîte d’actes et de relations humaines. Nous reprenons à notre compte les mots d’Eduardo Pereyra quelques mois plus tôt au congrès de La Rochelle : « aqui, nadie suelta la mano a nadie ». Comptez sur nous chers camarades, le SNES-FSU ne vous laissera pas tomber.

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