vaccins

Pays où les enseignants sont prioritaires

Dans un nombre important de pays, et toujours sous la pression des syndicats, les gouvernements ont accepté de donner une priorité aux enseignants, voire à tous les personnels de l’éducation, dans la campagne de vaccination. Mais la situation sur le terrain est très variable en fonction de l’importance de la campagne de vaccination et du nombre de doses accessibles.

En Espagne et en Italie, le gouvernement a donné une priorité aux enseignants, ainsi qu’au Portugal. Mais les doses manquent encore dans ces trois pays, si bien que tous les enseignants sont loin d’être vaccinés. En Espagne les syndicats regrettent que le personnel des universités n’ait pas été associé à cette priorisation. En Italie la campagne de vaccination est régionale et se heurte aux dysfonctionnements locaux dans certains cas ou à l’absence de doses : ainsi la proportion de personnels enseignants vaccinés va aujourd’hui de 70 % à…3 % selon les provinces. Au Portugal la vaccination des personnels de l’éducation est à peine commencée.

En Amérique latine, deux pays ont pu faire jouer la force de leurs syndicats pour contraindre les gouvernements à accorder une priorité aux enseignants : c’est le cas du Mexique et de l’Argentine. La vaccination a commencé dans l’État de Campeche (sud du Mexique) mais les doses manquent. En Argentine la vaccination avance et le gouvernement a accepté de renforcer le protocole depuis la réouverture des écoles avec la fermeture systématique des classes en cas de contamination d’un seul élève, avec dans ce cas retour à un enseignement distanciel pour une semaine.

Au Maroc aussi, la vaccination a bien démarré avec des doses d’astrazeneca et de vaccin chinois et une priorité accordée aux enseignants depuis début février. A noter que les enseignants étrangers sur le sol marocain en bénéficient aussi, comme ces enseignants français des lycées de l’AEFE.

A côté de ces pays où la vaccination a bien commencé et, même s’il manque des doses, offre des perspectives de sortie de crise aux enseignants, il existe aussi des pays où la priorité tient de la promesse encore non tenue, faute de vaccins. C’est le cas de l’Albanie qui manque cruellement de vaccins mais qui devrait placer les enseignants dans le groupe prioritaire. C’est aussi le cas du Mozambique où le gouvernement a placé le personnel de santé dans le groupe 1, et promis que les enseignants feraient partie des priorités suivantes…mais sans plan clair de vaccination ni doses.

Enfin, en Côte d’Ivoire, si le nombre de doses est encore minime, les enseignants sont prioritaires, mais ne sont guère enthousiastes à se faire vacciner dans un pays où le nombre de morts est faible. « Le personnel enseignant perçoit la vaccination comme un laboratoire à ciel ouvert et émet des réserves et des doutes sur la qualité des vaccins, il y a un travail d’information et de sensibilisation à faire en direction du personnel enseignant » déclare un syndicaliste du SYNAFETPCI. « Une campagne de vaccination dans un pays jeune où le nombre de décès par semaine est en-dessous de la dizaine suscite interrogation sur sa pertinence », ajoute-t-il. « il faudra sensibiliser le personnel enseignant pour obtenir son adhésion et ainsi arrêter la contamination » mais « les autorités ne communiquent pas sur la contamination dans les écoles », ce qui la rend invisible.

Pays sans sans priorité accordée aux enseignants :

Certains pays n’ont pour le moment accordé aucune priorité aux enseignants dans la campagne de vaccination. Dans la plupart de ces pays, à l’exception des Pays-Bas, cela suscite la plus vive inquiétude des syndicats enseignants et la revendication d’une rapide priorisation.

Aux Pays-Bas, aucune priorité n’est accordée au monde enseignant, à l’exception des éducateurs spécialisés qui travaillent avec des enfants en situation de handicap. « La difficulté pour nous est de trouver des arguments », avoue Trudy Karperien de l’AOB, « car les statistiques montrent que les enseignants ne sont pas plus affectés par le virus que les autres professions. Le fait qu’un enseignant contaminé pourrait diffuser le virus dans un groupe plus large n’est pas non plus un argument car la priorité est donnée à l’accessibilité au système de santé, or les personnes jeunes ou d’âge moyen font rarement des formes graves de la covid ».

En Belgique, les priorités ne sont pas fondées sur la pratique professionnelle mais aussi sur le danger de développer une forme grave. Par conséquent une priorité est accordée aux personnes âgées, aux personnes vulnérables, aux personnes handicapées et aux personnels médicaux. Seuls les enseignants présentant des comorbidités ont pour le moment une priorité vaccinale.

Au Québec, le personnel enseignant ne fait pas partie non plus des groupes prioritaires pour la vaccination.

Au Liban, ce n’est pas le gouvernement mais la Croix-rouge internationale qui vaccine et qui a déterminé des priorités par âge uniquement. Les enseignants ne sont pas prioritaires mais les écoles restent fermés.

Enfin, deux pays connaissent déjà un grand nombre d’enseignants vaccinés mais non parce qu’une priorité leur a été accordée : il s’agit de pays où la vaccination s’est déployée avec une particulière ampleur et qui ont disposé d’un nombre important de doses. Le Royaume Uni n’a jamais accordé une priorité aux enseignants ou aux autres personnels de l’éducation mais a procédé par tranches d’âge de 10 ans, si bien qu’aujourd’hui les 60-69 ans et les 50-59 ans sont majoritairement vaccinés (avec une seule dose). En Australie, avec un nombre de doses commandées très élevées (trois fois supérieures à la population), la vaccination avance vite, mais les enseignants ne sont pas particulièrement prioritaires.

Pays disposant de peu de vaccins et en situation très périlleuse:

Enfin, le cas de deux pays a été particulièrement exposé : ils disposent de très peu de vaccins et l’épidémie les frappe durement, et plus particulièrement les variants plus contagieux et probablement plus mortels.

En Afrique du Sud, cinq syndicats de l’éducation se sont rassemblés pour demander au gouvernement que les enseignants soient prioritaires dans la vaccination mais la situation est très difficile avec plus de 51 000 morts depuis mai 2020. On compte beaucoup d’enseignants parmi les morts et la mortalité générale a sans doute été sous-estimée car nombreux sont ceux qui sont morts loin des hôpitaux et sans autopsie. La diffusion fulgurante du variant et l’efficacité sans doute réduite de certains vaccins face à cette nouvelle souche inquiètent plus encore.

Enfin, les syndicalistes de la CNTE, principal syndicat de l’éducation du Brésil sont intervenus pour dire à quel point la situation était extrêmement préoccupante, dans un pays où le gouvernement pratique un « véritable négationnisme » qui met en danger toute la population. « C’est une tragédie annoncée » expliquent-il, « les écoles sont ouvertes et le virus se reproduit à grande vitesse. Les travailleurs de l’éducation luttent tout simplement pour survivre. Beaucoup ont enclenché des grèves. Nous perdons beaucoup de vies, dans nos rangs et parmi nos élèves. Il faut vacciner ! C’est devenu notre slogan. » Mais le président Bolsonaro continue de nier la réalité de la pandémie et à ce jour le pays compte plus de 270 000 morts.

Le 4 mars 2021, l’Internationale de l’éducation a appelé les gouvernements du monde entier, et particulièrement ceux des pays riches, à assurer l’égalité d’accès aux vaccins et aux autres produits médicaux qui permettront d’éradiquer la pandémie de covid-19. Elle demande pour cela aux membres de l’OMC de soutenir les dérogations aux droits de propriété intellectuelle. Lancée par l’Afrique du Sud et l’Inde, et actuellement soutenue par une centaine de pays, cette proposition faciliterait un accès plus équitable aux vaccins, aux thérapies, aux technologies et aux moyens de diagnostic de la covid-19. 

L’Internationale de l’Éducation demande aussi que les personnels de l’éducation soient prioritaires dans les campagnes de vaccination.

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