L’Internationale de l’Éducation (IE) est la voix de 33 millions de personnels de l’éducation originaires de plus de 180 pays et territoires. Comment l’IE parvient-elle à représenter cette diversité ? 

L’IE représente un réseau mondial profondément enraciné dans les réalités locales. Sa force réside dans la capacité à créer un espace commun d’écoute, de solidarité et d’action entre des syndicats de l’éducation de contextes très variés. Elle s’appuie sur des structures régionales, des groupes sectoriels et des consultations régulières avec ses organisations membres, qui assurent une réelle inclusion des voix du Sud global. Notre nouveau plan stratégique 2025-2029 repose sur quatre axes : Profession (statut et bien-être des enseignant·es), Public (éducation publique de qualité), People (droits humains, justice sociale et égalité de genre), et Planet (paix, démocratie et justice climatique). Ces piliers permettent de relier les réalités locales à des stratégies mondiales, pour une action syndicale qui conjugue l’unité et la diversité. 

Face à la montée de l’extrême droite, du populisme et aux attaques de gouvernements autoritaires contre l’enseignement public et la démocratie, quelles sont les réponses et les stratégies que l’IE propose à ses organisations membres ? 

Nous opposons à ces menaces une riposte globale, construite autour de la défense de l’éducation publique et de la démocratie.  

Par notre campagne mondiale « La force du public: Ensemble on fait école ! », nous soutenons et mobilisons les syndicats pour financer intégralement les systèmes d’enseignement public et résister aux coupes budgétaires, à l’austérité et à la privatisation. L’IE accompagne ses membres dans la construction de campagnes nationales fortes, en renforçant l’engagement des militant·e·s, les alliances communautaires et la pression politique. Dans 127 pays de tous les continents, nos organisations affiliées se sont unies pour dire d’une voix que l’éducation doit être une priorité pour chaque gouvernement. La campagne connaît des succès remarquables : au Népal, l’action syndicale a permis des améliorations salariales et de meilleures conditions pour le personnel de soutien éducatif ; en Uruguay, la mobilisation du mouvement éducatif a été clé dans l’élection de Yamandu Orsi, enseignant et syndicaliste, comme président ; en Mongolie, nos affiliés ont obtenu une augmentation de salaire et une plus grande investissement dans les repas scolaires pour les étudiants les plus vulnérables. 

Aux États-Unis, nous organisons le 4 juillet une action de solidarité mondiale avec nos collègues de la NEA et de l’AFT, qui résistent aux attaques systématiques de l’administration Trump contre l’éducation publique, les droits humaines et syndicaux et la démocratie elle-même. 

Enfin, nous soutenons également l’éducation à la citoyenneté démocratique, la solidarité antifasciste, et la mobilisation pour une pédagogie de la paix et de la solidarité. Nous sommes uni·e·s pour l’enseignement public, pour l’avenir que nos étudiant·e·s méritent, pour le salaire et les conditions de travail dignes que méritent les éducateur·trice·s. Notre appel pour une éducation publique de qualité est indissociable de notre appel à la paix. Nous ne pouvons avoir l’un sans l’autre. 

OLYMPUS DIGITAL CAMERA

La solidarité internationale reste un sujet important de réflexion et d’action dans le syndicalisme enseignant. Quels sont les leviers d’action de l’IE ? 

L’IE articule la solidarité syndicale à plusieurs niveaux : soutien direct aux syndicats, campagnes transnationales pour les droits humaines et syndicaux, actions juridiques via les mécanismes de l’Organisation Internationale du Travail (OIT), et mise en réseau pour le renforcement organisationnel. En Afrique, en Amérique Latine ou en Asie, l’IE accompagne des luttes concrètes pour le droit à l’éducation, contre la répression des enseignant·es et pour la justice sociale. La profession enseignante étant majoritairement féminine —environ 70% de femmes—, l’IE promeut également la solidarité féministe syndicale, à travers de ses réseaux de femmes, avec un objectif clair : faire progresser les droits par l’action collective et construire un mouvement syndical mondial plus fort, plus inclusif et plus engagé. 

L’IE a mis en place un groupe de travail sur la renégociation des deux textes de recommandations internationales UNESCO/OIT sur le statut des enseignants. De quoi s’agit-il ? Pourquoi est-ce important pour les collègues dans l’exercice de leur métier ? 

Les recommandations UNESCO/OIT de 1966 et 1997 constituent les normes internationales fondamentales sur la profession enseignante. La recommandation de 1966 établit les droits et responsabilités des enseignant·es, les normes pour leur formation initiale et continue, le recrutement, l’emploi, et les conditions d’enseignement et d’apprentissage. Celle de 1997 complète la première en couvrant spécifiquement le personnel enseignant de l’enseignement supérieur. 

Elles sont un outil de référence pour défendre les droits syndicaux, les conditions de travail, l’autonomie professionnelle, la liberté académique et la reconnaissance du rôle éducatif. L’IE, en lien étroit avec l’OIT et l’UNESCO, œuvre à leur actualisation pour qu’elles reflètent les réalités actuelles : précarité croissante, surcharge de travail, crises multiples, pressions politiques, défis liés à l’Intelligence Artificielle et aux nouvelles technologies. L’IE exprime ses préoccupations concernant l’impact des soi-disant réformes de l’éducation qui sapent souvent les dispositions des deux recommandations, en utilisant des modèles d’entreprise pour mesurer et, par conséquent, réduire l’éducation, limitant l’autonomie professionnelle et écornant l’éducation publique par la privatisation. Cette mise à jour est essentielle pour donner aux syndicats des leviers plus puissants dans leurs négociations nationales et garantir des cadres protecteurs pour chaque collègue, partout dans le monde. 

Bienvenue sur le blog actualités internationales du SNES-FSU !

Vous trouverez ici des informations sur les actions de coopération avec les syndicats d’autres pays, les analyses et réflexions du SNES-FSU sur l’actualité internationale, des comptes-rendu d’instances internationales dans lesquelles siège le SNES-FSU. Des remarques, des questions ?
Contactez nous : internat@snes.edu