La journée internationale de la fille est un jour de mobilisation et d’action pour faire progresser les droits des filles dans le monde. En 2020, les femmes représentaient toujours près des deux tiers des adultes ne sachant pas lire, et 478,5 millions d’entre elles ne disposent pas de compétences de base en lecture. Récemment, plusieurs pays connaissent des évolutions inquiétantes qui ont anéanti des décennies de progrès en matière de droits des filles. L’IE et ses alliés se mobilisent afin d’inverser cette tendance.

La pauvreté comme principal obstacle

L’étude #SonEducationNotreAvenir publiée par l’UNESCO montre sur les vingt dernières années une réduction des écarts entre les genres en matière de scolarisation et d’assiduité. Cependant, ces résultats sont à nuancer.

Le taux de scolarisation des filles dans l’enseignement primaire a progressé de 11 points de entre 1995 et 2020, passant de près de 79 % à 90 %. Un taux de scolarisation qui reste cependant inférieur à celui des garçons, il est passé de 86 % à 92 % pendant cette même période.

Pire, dans certains cas, les taux de scolarisation des jeunes femmes sont parfois extrêmement bas : l’UNESCO estime que 118.5 millions de filles en âge d’aller à l’école primaire et secondaire ne sont pas scolarisées. Dans plus de 20 pays (en Afrique subsaharienne mais aussi l’Afghanistan, le Bangladesh, le Guatemala, Haïti, Inde ou Pakistan) moins de 10% des jeunes femmes pauvres des zones rurales ont terminé leurs études secondaires supérieures. Dans ces conditions, force est de constater que le premier point de l’Objectif de Développement Durable n°4 (ODD4) des Nations Unies de permettre à toutes les filles de suivre un cycle d’éducation primaire et secondaire publique et gratuit d’ici à 2030 ne sera pas atteint.

L’étude établie que la pauvreté est le principal obstacle à l’éducation des filles. Au Bénin ou au Mali, l’UNESCO alerte que « quasiment aucune fille dans les tranches les plus pauvres de la population n’a terminé le deuxième cycle de l’enseignement secondaire. »

Si la pauvreté est un motif important, les raisons de l’éloignement des filles de l’école sont bien plus diverses. Le droit à l’éducation des jeunes filles est régulièrement entravé quand il n’est pas simplement supprimé.

Afghanistan, « l’apartheid des genres »

En Afghanistan, les talibans n’ont eu besoin que d’un an au pouvoir pour effacer les avancées réalisées depuis 2001 en direction de l’égalité femmes-hommes. En 2022, les filles et femmes afghanes se sont vues interdire successivement l’accès aux études secondaires puis à l’université. Pour continuer à s’instruire, certaines d’entre elles s’en remettent à des programmes de radio clandestins qui diffusent des cours, un soutien psychologique et des conseils gynécologiques. L’exclusion sociale dont les femmes sont victimes est telle que l’ONU parle désormais d’un « apartheid des genres ».

Iran, attaques chimiques contre des écoles de filles

En Iran, les manifestations du mouvement « femme, vie, liberté » contestent les lois phallocratiques de la République Islamique et les discriminations présentes dans la société et le système scolaire iranien. Ces dernières ont été réprimées par l’utilisation d’armes chimiques contre des écolières. Entre décembre 2022 et avril 2023, l’IE a documenté 358 attaques chimiques contre 325 écoles de filles. L’objectif du régime des mollahs était non seulement d’essayer d’étouffer la volonté d’émancipation chez les jeunes femmes mais aussi de les pousser à rester chez elle, mettant ainsi en danger la suite de leurs études.

Éduquer les filles c’est investir pour le futur

« Investir dans les droits des filles : notre leadership, notre bien-être »

Thème de l’ONU pour la journée internationale de la fille 2023

La scolarisation est un rempart contre le mariage et la maternité précoce. Les adolescentes enceintes et les jeunes mères sont régulièrement exclues du système scolaire. Au Malawi, au Nigéria et en Sierra Leone, environ 10 % des adolescents et adolescentes, principalement des filles, n’ont pas accès à l’éducation pour cause de mariage ou de grossesse.

Or, une meilleure scolarisation favorise l’intégration dans la vie active et donne aux jeunes filles la possibilité de faire elles-mêmes les choix concernant leur avenir mais aussi celui de leurs filles après elles. Il faut également rappeler le rôle de l’école dans la prévention de la malnutrition, de l’anémie et en faveur de l’accès à l’hygiène menstruelle.

Enfin, priver les jeunes filles d’éducation est un non-sens économique. En 2018, la Banque Mondiale affirmait que l’accès limité des filles à l’éducation coûte aux pays entre 15 000 et 30 000 milliards de dollars en perte de productivité et revenus. Concrètement, selon l’UNICEF, la non scolarisation des filles coûte à l’Afghanistan l’équivalent de 2.5% de son PIB.

Des investissements indispensables

Une éducation publique gratuite et émancipatrice pour toutes et tous est la seule qui puisse permettre d’atteindre les objectifs fixés par l’ODD4. Cependant, de nombreux systèmes éducatifs à travers le monde souffrent d’un sous-financement chronique depuis des décennies qui les empêche de mener à bien leurs missions. Par ailleurs, la privatisation et la commercialisation menacent de transformer ce qui relève d’un droit élémentaire et fondamental en un privilège dont les filles sont les premières exclues.

Le monde a besoin de dizaines de millions d’enseignant·es supplémentaires d’ici 2030 pour parvenir à une éducation gratuite et universelle. Les syndicats de l’enseignement du monde entier unissent leurs forces pour construire une éducation publique inclusive de qualité pour toutes et tous. Pour cela, la fin des politiques d’austérité et des investissements massifs sont indispensables. C’est le sens de la campagne « Ensemble, on fait école » de l’IE à laquelle le SNES-FSU participe activement.

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