Depuis un peu plus de deux ans, l’Internationale de l’Éducation (IE) déploie une campagne mondiale intitulée #EnsembleOnFaitEcole qui appelle à des investissements publics massifs dans l’éducation publique et la fin des plans d’austérité. Un point fort de cette campagne a été la constitution d’un Groupe de Haut Niveau autour du Secrétaire Général de l’ONU, de l’IE, de l’OIT et de l’UNESCO. Ce groupe a réalisé un document de 59 recommandations à mettre en œuvre pour en finir avec la pénurie mondiale d’enseignant·es

Athènes, une première étape

Organisée à l’initiative de l’Internationale de l’Éducation, la réunion d’Athènes est la première étape de l’implantation de la campagne mondiale #EnsembleOnFaitEcole dans la région Europe. L’IE a fait le choix de faire l’implantation par sous-région et de commencer par la sous-région de l’Europe du sud à laquelle la France appartient. Les autres pays représentés étaient : l’Italie, le Portugal, Chypre (nord et sud), la Grèce et l’Espagne. Les objectifs étaient les suivants : faire un tour d’horizon de la situation de l’éducation publique dans chaque pays de la sous-région et définir un plan stratégique pour les mois à venir autour des mots d’ordre de la campagne mondiale.

Les ravages de l’austérité

Le choix de la Grèce, un pays qui connaît parfaitement les ravages de l’austérité, comme première étape de l’implantation de la campagne mondiale de l’IE en Europe ne doit rien au hasard. Cependant, l’ensemble des organisations participantes disposent de solides exemples qui illustrent les conséquences du sous-investissement dans les systèmes publics d’éducation.

Grèce

Les organisations du premier degré, DOE, et du second degré, OLME, ont mis en avant la précarité, un quart d’entre eux ont des CDD de 9 mois et les faibles salaires, 780€ en début de carrière. Beaucoup de collègues ont des difficultés pour répondre à des besoins primaires comme trouver un logement. Elles et Ils voient dans la campagne mondiale un appui pour lutter contre les politiques éducatives qui détruisent l’éducation publique.

Italie

La FLC-CGIL met en avant la pénurie d’enseignants, il manque 45 000 enseignant·es pour être dans la moyenne européenne. Elle insiste également sur la précarité, 250 000 enseignant·es ont un contrat temporaire, les manques de financements et les pertes de pouvoir d’achat. Pour la FLC-CGIL, les recommandations permettent de la renforcer dans leur dialogue avec le gouvernement Meloni et de créer un narratif alternatif au néolibéralisme et aux logiques de marché auprès de l’opinion publique.

Portugal

Pour la FENPROF, la pénurie d’enseignant·es atteint des niveaux alarmants et affecte des dizaines de milliers d’étudiant·es et s’aggrave avec la multiplication des départs à la retraite. La FENPROF voit dans la campagne mondiale un soutien à son travail. Les 59 recommandations renforcent la crédibilité des revendications en plus d’être un outil puissant de mobilisation pour mettre la pression sur le gouvernement.

Espagne

FECCOO/UGT/STES mettent en avant le sous-financement de l’éducation, 4,6 % du PIB, ce qui est en dessous de la moyenne de l’OCDE. Elles souhaitent qu’il soit porté à 7 % du PIB. Il faut au moins 50 000 enseignant·es supplémentaires pour baisser le nombre d’élèves par classe. Les conditions de travail, le stress, la bureaucratie et la précarité rendent difficile le recrutement et la rétention des enseignant·es (25 % ont un emploi précaire). Le pouvoir d’achat est également un problème, il a baissé de 22 % en 14 ans. Pour les syndicats espagnols, la campagne est l’occasion de construire des alliances et de renforcer le dialogue social.

Chypre

Deux réalités cohabitent du fait de la partition de l’île mais le sous-financement et le manque de dialogue social sont des préoccupations communes. Du côté grec, le POED met en avant les coupes budgétaires, les infrastructures vieillissantes et l’excès de bureaucratie qui augmentent la pénurie d’enseignant·es et découragent les jeunes collègues. Pour le POED la campagne doit articuler le niveau local et le niveau international, elle renforce et conforte les organisations syndicales sur leurs revendications.

Du côté turque, KTÖS et KTOEÖS soulignent les problématiques de bâti scolaire. 60 % des écoles ont plus de 50 ans et ne sont pas assez entretenues. Dans de nombreuses écoles, on trouve des « classes-conteneurs » pour remplacer des bâtiments inadaptés, notamment aux tremblements de terre, ou absorber les classes surchargées des zones urbaines. Les collègues mettent en avant le manque de postes, la précarité et un dialogue social de façade. Ils notent depuis 2022 une augmentation des pressions du pouvoir politique mais aussi des attaques contre la laïcité avec la promotion croissante de contenus religieux et des tentatives d’introduire des classes séparées en fonction du genre. La campagne permet de mobiliser les membres et de porter des revendications sur la base des recommandations.

France

Le SNES-FSU a mis en avant la baisse du pouvoir d’achat sous l’effet d’années de gel de point d’indice ainsi que la baisse de la part du second degré dans la dépense d’éducation. L’intervention portait également sur la dégradation des conditions de travail, comme les classes surchargées ou les nombreuses heures de travail, l’effondrement du nombre de candidat·es aux concours ainsi que le projet de réforme de la formation initiale.

Préparer une réponse européenne

En complément des actions menées par chaque syndicat dans son pays respectif, les organisations présentes se sont accordées sur une feuille de route commune. Les premières étapes de celle-ci sont la réalisation d’un rapport détaillé sur la situation des investissements en éducation dans chaque pays ainsi qu’une diffusion large des 59 recommandations de la campagne.

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