Beaucoup de commentateurs s’attendaient à un scrutin serré, mais le résultat a été beaucoup plus net que prévu. Avec 312 grands électeurs, dont l’ensemble des États-pivots, ainsi que la majorité absolue à la Chambre des représentant·es et au Sénat, la victoire de Donald Trump est sans appel. Contrairement à 2016, il devance son adversaire en nombre de voix et en gagne 2,6 millions par rapport à 2020. Ni ses procès, dont deux condamnations, ni l’assaut du Capitole, ni ses propos outranciers, et régulièrement mensongers, n’ont détourné des électeurs et électrices républicain·es parfois toujours persuadé·es que leur champion s’est fait voler l’élection il y a quatre ans. De son côté, Kamala Harris perd sept millions de voix par rapport à Joe Biden, il lui en a manqué 232 583 pour remporter 270 grands électeurs. En 2016, il en manquait 77 000 à Hillary Clinton. Les démocrates payent leur bilan et n’ont pas réussi à convaincre sur les questions économiques et de pouvoir d’achat dans un pays où l’inflation a été particulièrement forte ces dernières années.

Plongeon dans l’inconnu

soyluisrmz, Pixabay

Le retour de Donald Trump aura des conséquences géopolitiques importantes. La période qui s’ouvre est incertaine et inquiétante. La rhétorique expansionniste du 47e président des États-Unis en direction du Panama, du Canada et du Groenland contribue à déstabiliser encore davantage l’ordre international et le ferait voler en éclats si elle devait se traduire dans les actes. Dans les conflits en cours, sa volonté de « régler en 24h » la guerre en Ukraine pourrait signifier brader une partie du territoire ukrainien et valider l’approche prédatrice de Vladimir Poutine. Au Moyen-Orient, où le futur président à promis « l’enfer si les otages ne sont pas libérés d’ici à son investiture », la situation humanitaire et sécuritaire reste très précaire. Il faudra beaucoup de subtilité et de diplomatie pour ramener la paix et la justice dans la région et ce sont pas les qualités premières du nouveau locataire de la Maison Blanche.

Les premières décisions

En direct, investiture de Donald Trump : sortie de l’accord de Paris, remise en cause du droit du sol, grâce pour les émeutiers du 6-Janvier, délai accordé à TikTok… les premiers décrets déjà signés

Le Monde (@lemonde.fr) 2025-01-21T05:22:10.941894+00:00

Les premières heures de ce nouveau mandat donnent le ton comme le montrent les 46 premiers décrets signés par Trump. C’est une mauvaise nouvelle pour la lutte contre le changement climatique avec une nouvelle sortie de l’accord de Paris et la primauté donnée aux énergies fossiles sur les renouvelables. C’est aussi une mauvaise nouvelle également pour les personnes transgenres, les immigré·es et les réfugié·es Enfin, la sortie des États-Unis de l’Organisation Mondiale de la Santé est là encore un signal très inquiétant qui va considérablement affaiblir cette dernière en plus de menacer la prévention d’une éventuelle nouvelle pandémie.

Welcome to Muskistan

La nomination d’Elon Musk à la tête d’un « Ministère de l’Efficacité Gouvernementale » dont l’objectif est de réduire de 30 % les dépenses du budget fédéral est de mauvais augure pour les services publics. Il va désormais pouvoir remodeler une administration avec laquelle ses entreprises travaillent. Le conflit d’intérêt est évident et se chiffre en milliards de dollars.

On connaissait Javier Milei et sa tronçonneuse, Trump va beaucoup plus loin et parle de « projet Manhattan ». Placé aux manettes de cette « atomisation » de l’administration, le propriétaire de Tesla, mais surtout de X (ex-twitter), se voit récompensé d’avoir transformé son réseau social en une machine à propagande pour le candidat républicain, et plus largement pour la fachosphère. Omniprésent pendant la période de transition, le milliardaire a décidé de servir les forces politiques les plus réactionnaires du continent européen comme l’AfD en Allemagne ou Reform UK au Royaume-Uni. Preuve supplémentaire de ce projet politique, Musk se permet à deux reprises de faire un salut fasciste lors de la soirée d’investiture.

Toute la cérémonie d'investiture de Donald Trump est effrayante. Mais alors là…😱

Sophie Vénétitay (@svenetitay.bsky.social) 2025-01-20T20:53:11.137Z

Et l’éducation ?

Les électeurs et électrices ont envoyé des messages contradictoires. Elles et ils ont certes élu Donald Trump, qui a annoncé sa volonté de supprimer le ministère de l’Éducation pour mieux la décentraliser et favoriser les écoles privées. Le républicain souhaite également s’en prendre aux enseignant·es qu’il accuse « d’endoctrinement politique » et pouvoir les licencier plus facilement. Il menace également de s’en prendre à leurs syndicats. Mais, comme le rappelle Randi Wengarten, Présidente de l’Americain Federation of Teachers (AFT) localement « les électeurs ont voté des mesures de meilleur financement de l’éducation et rejeté par référendum les chèques-scolaires (school voucher) ». Elle s’attend à de nombreux désaccords avec Linda McMahon, ancienne Vice-Présidente de la plus grande fédération de catch, nommée au ministère de l’Éducation : « Protégera-t-elle les enfants et les familles afin que chacun dans une école se sente le bienvenu et puisse apprendre ? ». Avant de conclure : « Les éducateurs, les professionnels de la santé et les employés du secteur public continueront à faire tout ce qu’ils peuvent pour améliorer la vie des personnes qu’elles et ils servent. Notre principe directeur reste la lutte pour l’avenir de nos enfants et la promesse de l’Amérique ».

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