Corée du sud enseignement à distance

Un contrôle efficace

La Corée du sud avait pris des mesures drastiques dès l’apparition de l’épidémie en février 2020. Même si elle n’est pas une île, sa situation péninsulaire et la particularité de partager sa seule frontière terrestre avec le pays le plus fermé du monde, son voisin du nord, semblaient la protéger. Son bilan de 1938 morts pour 52 millions d’habitants paraît remarquable à tous les pays européens. Le contact-tracing y avait été décrit comme très efficace. Mais elle fait face, elle aussi, au rebond de l’épidémie depuis le printemps, avec environ 600 contaminations par jour, un niveau encore jamais atteint. Les mesures de freinage, incluant la fermeture des bars, des restaurants, de certains commerces, sont territorialisées : dans certaines villes cela fait presque un an que les bars, haut-lieu de sociabilité coréenne, sont fermés. Quant aux écoles, si elles ont complètement fermé de mars à mai 2020, elles ont rouvert par la suite mais en demi-jauge pour la plupart des niveaux.

Le suivi des cas de contamination dans les écoles a été très efficace. Hyunsu Hwang, responsable du secteur international du syndicat enseignant KTU, travaille dans un lycée de filles, avec des élèves de 16 à 19 ans. Dans son établissement d’environ 1000 élèves, un cas a été avéré, ce qui a très vite mis en branle un protocole très strict : « les experts du ministère de la santé sont immédiatement intervenus, les quelque 320 élèves du niveau 10 (équivalent de la classe de seconde) ont été mis à l’isolement et testés, ainsi que la trentaine d’enseignants qui exerçaient dans ce niveau. Finalement personne n’était positif et nous avons repris les cours. Depuis il n’y a plus eu d’autre cas dans mon lycée». Ce contact-tracing très organisé n’est évidemment possible que lorsque le nombre de contaminations est faible, ce qui a toujours été le cas dans le pays.

Enfin, le gouvernement coréen a fait preuve de transparence pendant toute la durée de l’épidémie : « les chiffres ont été facilement communiqués, en toute clarté et nous avons le sentiment rassurant que le gouvernement ne cache rien à la population » constate Hyunsu Hwang.

Une vaccination plus tardive qu’en Europe

La faible prévalence du virus n’a pas fait de la vaccination une priorité et si le pays a fait le pari de la vaccination, c’est assez tardivement : sur 52 millions d’habitants, 4 millions sont actuellement vaccinés, principalement des personnes âgées auxquelles la priorité a été accordée.

Devant le récent rebond épidémique, les autorités ont fortement accéléré leur campagne en commandant beaucoup de vaccins et en se fixant l’objectif de couvrir 70 % de la population adulte à la fin de l’été. Hyunsu Hwang précise : « les enseignants ne sont pas prioritaires à proprement parler mais ceux qui enseignent en 11è et 12è (1ère et terminale) vont l’être avant la fin de l’été afin que les cours reprennent pleinement en présentiel sur ces niveaux à la rentrée. La KTU demande que cette priorité soit étendue à tous les enseignants ». Ces derniers jours le pays faisait face à des problèmes d’approvisionnement en vaccins et a dû ralentir sa campagne de vaccination.

Les lycéens de dernière année seront vaccinés durant l’été afin de pouvoir préparer et passer en présentiel les examens d’entrée à l’université qui s’étalent de novembre à décembre.

Un enseignement hybride

Les écoles ont rouvert en mode hybride fin mai 2020avec quelques cours en présentiel et beaucoup de cours à distance dispensés sur deux plate-formes qui ont connu beaucoup de dysfonctionnements. Le ministre de l’éducation a été contraint de reconnaître que : « les écoles ont constaté un retard dans la maîtrise des connaissances de base des élèves » et que c’était « potentiellement un problème grave ». L’angoisse des familles de voir diminuer ainsi les chances que leurs enfants accèdent à l’université,- qui seule offre des perspectives d’emplois solides et bien rémunérés-, est allé en grandissant.

La rentrée de mars 2021 a rétabli le 100 % présentiel pour les maternelles et les deux premières années du primaire. Les élèves les plus âgés du primaire, les collégiens et les lycéens n’ont droit qu’à un enseignement hybride, avec une présence dans les établissements limitée à de petits groupes d’élèves en alternance. La pression parentale a été telle que la plupart des lycées ont repris en 100 % présentiel en 12ème (l’équivalent de la terminale) afin de mieux préparer les élèves aux examens d’entrée à l’université, sans tenir compte de la surcharge de travail pour les enseignants.

Les limites de l’enseignement à distance

Si le pays est très bien équipé en outils numériques (« tous mes élèves disposent d’ordinateurs pour travailler à la maison » confirme Hyunsu Hwang), l’enseignement à distance n’en reste pas moins problématique. « Mais il est pénible d’enseigner devant des classes vides » explique-t-il car si les élèves restent à la maison, les enseignants doivent dispenser leurs cours de leur salle de classe. « J’ai autour de 22 élèves dans mes classes, mais je ne peux pas vraiment savoir si mes élèves comprennent, ni même ce qu’ils font devant leur ordinateur. j’ai peur que leur attention soit bien moindre qu’en classe. L’efficacité de ce type d’enseignement est très difficile à évaluer ». Il ajoute que tous ses collègues préfèrent le « face à face pédagogique, qui rend les élèves moins passifs ».

Cet enseignement à distance prendra fin le 1er septembre, après les vacances d’été, ce que la KTU et la très grande majorité des familles et des élèves appellent de leurs vœux.

Une remise en cause de l’enseignement traditionnel ?

Les enseignants de la KTU ont toujours été très critiques sur l’enseignement délivré dans leur pays : ils l’estiment très élitiste, jouant sur la compétition entre élèves et suscitant beaucoup de stress chez les élèves comme chez leurs parents. « notre système éducatif est orienté vers la compétition permanente, à l’image de notre société ». Il est vrai que les écoliers, collégiens et lycéens sont soumis à rude épreuve : des cours très nombreux (en moyenne 7h par jour) et des vacances courtes, des examens sélectifs. Or, selon Hyunsu Hwang, « la pandémie a mis en débat cette compétition permanente. Ceci est débattu dans les journaux, sur les réseaux sociaux, et nous avons la certitude qu’après l’épidémie, on ne pourra continuer comme avant dans l’éducation ». selon lui « l’état d’esprit de la population a changé, nous allons vers une société plus inclusive, plus tolérante et moins compétitive. Nous avons bon espoir que cela mènera à une éducation progressiste et ouverte. »

Bienvenue sur le blog actualités internationales du SNES-FSU !

Vous trouverez ici des informations sur les actions de coopération avec les syndicats d’autres pays, les analyses et réflexions du SNES-FSU sur l’actualité internationale, des comptes-rendu d’instances internationales dans lesquelles siège le SNES-FSU. Des remarques, des questions ?
Contactez nous : internat@snes.edu