« E dai? » (« et alors ? ») : par ces mots le président brésilien Jair Bolsonaro a répondu le 28 avril à un journaliste qui l’interrogeait sur le nombre croissant de morts du covid-19 au Brésil, plus de 5000 quand la question lui a été posée (et plus de 7000 au 4 mai). Il a même osé continuer en faisant un jeu de mots sur son deuxième prénom (Messias : messie) : « je me nomme Messie mais je ne fais pas de miracles ».

Avec 210 millions d’habitants dont certains dans une grande pauvreté, un système de santé publique affaibli, et des mesures de confinement prises par les gouverneurs de province et les maires contre l’avis-même du président qui les conteste, le Brésil est en passe de devenir le pays du monde où l’épidémie progresse le plus vite. Les quelques 7000 morts et 100 000 cas de contamination recensés au 4 mai seraient, de l’avis des experts scientifiques, tout à fait sous-estimés. Ce serait plus d’1,3 million de Brésiliens qui seraient contaminés, plus donc que d’Américains. Déjà, en Amazonie, et particulièrement à Manaus, le système de santé est complètement dépassé et les communautés indigènes sont particulièrement menacées. Les tractopelles creusent des fosses communes pour faire face au nombre de morts. Les hôpitaux manquent de masques, de respirateurs, de médecins.

La CNTE, principale confédération des syndicats de l’éducation au Brésil, dénonce « le négationnisme de Bolsonaro face à la pandémie » et « une politique calquée sur celle de Trump ». La plupart des écoles ont fermé à la mi-mars, sur décision locale. Mais le Brésil étant un État fédéral, des différences existent : parfois les enseignants ont été maintenus sur place pour effectuer des tâches administratives, par endroits la fermeture des écoles a servi de prétexte pour licencier des personnels précaires des cantines, du nettoyage, ou des auxiliaires d’enseignement.

En ce qui concerne la « continuité pédagogique » par voie numérique, elle est illusoire : « nous avons encore beaucoup de localités et d’écoles qui ne peuvent pas accéder à internet, et beaucoup de nos élèves n’ont à leur disposition ni ordinateur, ni tablette, ni aucun équipement adéquat pour suivre des classes à distance » (Haroldo, CNTE). Le syndicat brésilien dénonce aussi le désarroi, voire le désespoir des enseignants qui ne peuvent suivre leurs élèves. Mais l’épidémie est telle que « le retour à l’école devra survenir au moment où nous serons assurés de la plus absolue sécurité pour les professionnels de l’éducation, les élèves et les parents, c’est la position de la CNTE .»

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