L’Éthiopie semblait avoir retrouvé la paix et son jeune président Abiy Ahmed, couronné du prix Nobel de la paix, paraissait parier sur un développement économique très libéral et des investissements étrangers. Mais dans le nord du pays, la province du Tigré, sous le contrôle du FPLT (Front Populaire de Libération du Tigré), naguère allié d’Addis-Abeba, n’a cessé de défier le gouvernement fédéral et le 4 novembre dernier, Abiy Ahmed a décidé d’une offensive militaire contre les forces armées du FPLT . Le FPLT avait contrôlé durant près de trois décennies l’appareil politique et sécuritaire du pays, avant d’être progressivement écarté par Abiy Ahmed, devenu Premier ministre en 2018.
Plus de 33 000 personnes, fuyant les combats, auraient déjà franchi la frontière soudanaise, où des camps de fortune ont été montés en quelques jours. Le 17 novembre, l’ONU disait craindre « une crise humanitaire à grande échelle ». Parmi les réfugiés manquant de tout, sans doute au moins 18 000 enfants. L’ONU attend 150 à 200 000 personnes de plus.
Quant à la région du Tigré, sous le feu des bombes, sa capitale Mekele est coupée du monde, sans eau ni électricité, sans possibilité de communication vers l’extérieur. «Les combats se déroulent dans un contexte de blocus, il n’y a pas de presse autorisée qui couvre les combats » nous dit un syndicaliste enseignant retenu dans une région voisine. « Chaque camp affirme avoir remporté des victoires et comme il n’y a pas de tierce partie dans les zones de combat il est difficile d’avoir des informations faibles. Il semble que les combats se déroulent par intermittence, il n’y en a pas tous les jours », selon la même source.
Selon l’UNICEF, si le conflit se prolonge, il plongera plus de 2 millions d’enfants dans une situation d’aide d’urgence. Le conflit a aussi des répercussions sur les 100 000 Érythréens réfugiés au Tigré, qui ne reçoivent plus d’aide internationale. Amnesty International dénonce des massacres de civils, fait sans doute de l’armée gouvernementale éthiopienne.
La guerre va encore aggraver la déscolarisation des enfants et des adolescents. Si des progrès ont été faits depuis une trentaine d’années avec la possibilité d’être scolarisé dans la langue locale (le pays compte une centaine de langues différentes, dont certaines sont très éloignées de l’amharique, la langue sémitique parlée à Addis et dans le nord-ouest) et avec un effort porté sur la scolarisation des filles qui a doublé en quelques années, il est à craindre que la situation actuelle conduise à un retour en arrière.
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