Une zone de forte instabilité

Depuis 2017, des groupes se réclamant du mouvement djihadiste international, dont l’un a fait allégeance à l’État Islamique, écument les villages du nord du Mozambique sans que les forces de sécurité de Maputo puissent reprendre le contrôle du terrain. Le conflit a sans doute déjà suscité l’exil de plus de 670 000 personnes et environ 3000 morts, dont une bonne partie de civils. Des réfugiés pris en charge par des ONG ont relaté le meurtre par décapitation de jeunes qui auraient refusé de rejoindre les mouvements djihadistes ou qui se serraient simplement cachés pour leur échapper. Parmi ces jeunes, des enfants de 11 ou 12 ans. Ce sont ces faits qui ont conduit l’ONG Save the Children à alerter l’opinion publique mondiale par un communiqué le 17 mars 2021.

L’armée mozambicaine s’efforce depuis peu de reprendre le contrôle de la zone mais n’est pas exempte de reproches, s’étant rendue coupable d’exactions à l’encontre des civils. L’engagement récent des forces américaines auprès de fusiliers marins mozambicains est lié à la volonté de sécuriser l’accès à la côte, riche en gaz, où opèrent déjà Total, Exxon et d’autres entreprises occidentales. Les forces djihadistes semblent bénéficier de bases arrières dans le sud de la Tanzanie et franchiraient la frontière dès qu’elles se sentiraient menacées, ce qui complexifie la question. De plus, la province est très vaste, d’une superficie de plus de 80 000 km², c’est à dire presque équivalente à celle de l’Autriche et deux fois celle des Pays-Bas ou de la Suisse. Les deux peuples majoritaires, à savoir les Makondés et les Makuas, sont présents des deux côtés de la frontière avec la Tanzanie.

Une population civile victime d’exactions

Les civils sont les premières victimes de l’insécurité : familles déplacées et ne survivant que grâce au secours des ONG, écoles fermées, violences et menace de famine pesant actuellement sur un million de personnes. La région est la seule du Mozambique à majorité musulmane et les Shebab (« jeunes », nom donné aussi aux groupes somaliens et tanzaniens du même type) ont tenté d’y prêcher un islam radical qui n’a suscité aucun enthousiasme de la population. Cependant, les forces gouvernementales et le FRELIMO, parti au pouvoir à Maputo depuis l’indépendance en 1975, sont aussi peu appréciés des habitants du Cabo Delgado qui se sentent délaissés, voire marginalisés dans les efforts de développement du gouvernement. La population est très pauvre, mais la province est riche de gisements pétroliers, gaziers et de mines de rubis. Le potentiel touristique est réel, avec des plages splendides sur l’océan indien, mais qui ne seront jamais fréquentées tant que l’insécurité régnera.

Élèves et enseignants sont aussi grandement affectés par la situation. L’ONP (Organizaçao Nacional dos Professores) déplore le récent assassinat de six enseignants. Selon le syndicat mozambicain, la crise au Cabo Delgado a conduit au déplacement forcé de plus de 75 000 élèves et 1500 professeurs. Environ 172 écoles auraient été endommagées, pillées ou contraintes de fermer en raison de l’insécurité. Lors de la réunion du bureau exécutif de de l’Internationale de l’Éducation en décembre 2020, Marième Sakho (Sénégal) et Manuela Mendonça (Portugal), avaient déjà évoqué l’extrême violence, le danger constant d’assassinat qui menace les enseignants, ainsi que les dommages causés à l’éducation. A cette occasion l’IE avait adopté une résolution de soutien international aux enseignants du Mozambique.

Aujourd’hui la situation reste très difficile et nos collègues de l’ONP continuent d’alerter une opinion publique mondiale qu’ils espèrent sensibiliser.


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