Dans la nuit du 28 au 29 novembre 2020, un enseignant chevronné de la région de Diffa a été assassiné par des groupes armées probablement liés à l’organisation terroriste islamiste Boko Haram. Les assaillants se sont directement rendus au domicile de cet enseignant pour perpétrer cet assassinat ciblé. Issoufou Sanoussi était responsable de la formation continue à l’IEP de N’Guigmi (sud-est du Niger) depuis de nombreuses années et c’est son dévouement au service de l’éducation qui a été visé par Boko Haram. Cette secte islamiste, puissante dans le nord du Nigeria, condamne tout enseignement en dehors de celui de la loi coranique et s’attaque tout particulièrement à la scolarisation des filles. Issoufou Sanoussi avait servi le service public de l’éducation au cours d’une longue et riche carrière, comme surveillant, puis comme enseignant et conseiller pédagogique dans diverses localités de la région de Diffa , et enfin responsable de la formation continue de 2011 à sa mort, à N’Guigmi. Il avait 59 ans et laisse de nombreux enfants.

 La région de Diffa, éloignée de la capitale Niamey (à 1300 km soit 20h de route) et très proche du nord du Nigeria, est affectée par des incursions de bandes armées venues de ce pays, qui mêlent groupes délinquants de type mafieux et militants de la cause islamiste radicale. Le gouvernement du Niger peine à résoudre les défis de l’insécurité qui règne dans cette zone, malgré l’engagement des forces armées nationales et le soutien de l’armée française par le biais de l’opération Barkhane. Même à proximité de Niamey, la sécurité n’est plus assurée : c’est ce qu’a montré l’attaque du parc de Kouré par l’État Islamique en août dernier, attaque qui s’est soldée par la mort de six humanitaires et de leurs deux chauffeurs nigériens. Face à cette montée en puissance de tous les groupes djihadistes, le gouvernement a récemment décidé de doubler les effectifs de l’armée, en recrutant massivement. Cependant l’augmentation du budget de l’armée aura des répercussions sur les budgets des secteurs sociaux, qui eux, disposent de peu de financements.

À proximité de la frontière avec le Nigeria, les raids de Boko Haram sont une menace réelle. L’organisation terroriste a d’ailleurs revendiqué l’enlèvement de plus de 300 élèves du lycée de Kankara au Nigéria, le 11 décembre dernier (dont on a annoncé la libération une semaine après). En 2019, N’Guigmi avait déjà été la cible de plusieurs attaques. Beaucoup d’enseignants, qui se savent visés par l’organisation terroriste, sont laissés sans protection et sont parfois tentés de quitter la zone. Parmi eux une majorité de contractuels mal payés. La région est très pauvre et l’éducation est le seul espoir, pour beaucoup de familles, de promotion sociale. La nécessité de construire une école publique dynamique, présente sur tout le territoire, animée par des enseignants bien formés est une évidence.

Issoufou Sanoussi y travaillait, et il en est mort.


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