Une continuité pédagogique bien difficile

Même si le pays ne semble pas très touché par la pandémie et ne déplore officiellement qu’une vingtaine de morts, le gouvernement a décidé dès le 19 mars et comme la quasi-totalité des pays africains, de la fermeture des crèches, garderies, écoles primaires, collèges, lycées et universités, publics et privés.

La continuité pédagogique, après la fermeture des écoles, a été une illusion que les autorités n’ont pu maintenir très longtemps. Basile Ngoli, secrétaire général de la FETRASSEIC, témoigne :

« pour permettre aux classes d’examen de préparer leur examen un enseignement à distance a été organisé à travers la télévision et le journal local. L’impact de ce choix a été très mitigé dans la mesure où tous les foyers ne disposent pas d’un poste téléviseur ou d’un branchement à notre compagnie d’électricité. Même dans les foyers qui disposent d’électricité, les délestages sont récurrents rendant impossible un suivi réel et réguliers des cours. Ensuite le journal local, faute de papier, a dû arrêter sa parution. » Il poursuit : « pour pallier ces difficultés, le ministère a produit des cours polycopiés à distribuer aux élèves pendant le confinement. Cette initiative a également des limites car tous les parents ne peuvent pas encadrer eux-mêmes leurs enfants. »

Une reprise limitée des cours

Depuis le 18 mai, le pays commence à dé-confiner, les écoles ont rouvert le 2 juin uniquement pour les classes d’examen (CM2, 3ème et Terminale). Car les examens de fin d’année sont maintenus, le contrôle continu étant très difficile à organiser. Pour les autres classes, la reprise des cours est renvoyée au mois de septembre 2020.

Dans les établissements scolaires, gestes barrière et port du masque sont la règle : Germain Mpandzou, du bureau national de la FETRASSEIC, témoigne : « quant au port des masques, il est rendu obligatoire même à l’école avec une amende de 5000 francs CFA (7,5 euros) pour les contrevenants, il est certain que dans un premier temps les parents les fourniront à leurs enfants. La tendance au Congo est au port des masques lavables produits par les couturiers au modeste prix de 100 à 200 francs CFA (15 à 30 centimes d’euros)». Le gouvernement a indiqué qu’un dispositif de lavage des mains serait déposé dans chaque établissement scolaire et que des masques seraient distribués aux élèves et aux personnels enseignants. Mais beaucoup d’écoles sont démunies et ne disposent même pas d’un point d’eau. A Brazzaville, ce sont des ONG internationales qui ont pu doter certaines écoles de gel hydro-alcoolique ou de points d’eau.

Le couvre-feu est maintenu de 8 h du soir à 5 h du matin. Basile Ngoli explique que « le gouvernement a établi deux zones : une zone dite de circulation active du virus (Brazzaville et Pointe-Noire) et une zone dite de non circulation active du virus (les 10 départements du pays). Dans la zone dite de circulation active du virus, il y a interdiction de se rendre dans les autres départements sauf en cas de force majeure, une autorisation spéciale doit être obtenue auprès du ministère de l’intérieur. Cependant la libre circulation a été autorisée à l’intérieur des villes de Brazzaville et Pointe-Noire. Ce qui signifie que les populations de ces deux villes restent confinées. Dans la zone dite de non circulation active du virus, toutes les restrictions ont été levées avec respect strict des gestes barrières ».

Toutes les mesures barrières ont été maintenus dans les transports, les lieux publics, les lieux de travail. Les frontières restent fermées.

Quant à la poursuite de la lutte contre la maladie, le gouvernement essaie de mieux repérer les éventuels foyers épidémiques. Germain Mpandzou indique que : « dans le cadre de la lutte contre le COVID 19, les tests sont gratuits. Dans la gestion du dé-confinement et de la prise en charge biologique, le Premier Ministre a annoncé l’accroissement la capacité de dépistage de 400 tests/jours avant le dé-confinement à 1.800 tests/jours entre mai et septembre 2020 et à plus de 4.000 tests/jour à partir d’octobre 2020 ».

Une économie dévastée

L’économie de ce pays aux faibles densités repose principalement sur le pétrole, exploité au large de pointe-Noire, la capitale économique du pays. Or, la baisse brutale des cours et le taux d’endettement élevé plongent actuellement le pays dans une situation très difficile, quand on sait que le pétrole fournissait jusqu’à présent 90 % des revenus de l’État. L’économie rurale n’échappe pas aux difficultés et ne permet plus d’assurer une modeste auto-suffisance depuis que l’accaparement des terres par des sociétés principalement sud-africaines a privé de nombreux paysans de ressources.

Une situation économique difficile sur fond de corruption, voilà qui ne va guère améliorer la situation sanitaire déjà bien fragile avant la pandémie. Une ONG anti-corruption révélait le 6 mai dernier que sur 69 projets de santé publiés qu’elle a suivis en 2017 et 2018, aucun n’avait abouti ! Malgré près de 10 milliards de francs CFA (15 millions d’euros) budgétés pour la construction, entre autres, de 12 hôpitaux publics, un dans chaque région.

Un autre problème affecte grandement la population : avec les restrictions liées à la pandémie, et en particulier la fermeture des banques, les Congolais de la diaspora n’arrivent plus à envoyer de l’argent à leurs familles restées au pays. Beaucoup de familles ont ainsi perdu leur principale source de revenu.

Néanmoins, le déconfinement a rendu l’espoir aux nombreux Congolais qui vivent du secteur informel et qui ne pouvaient plus exercer d’activités durant le confinement. A présent dotés de masques, coiffeurs, restaurateurs, chauffeurs de taxi et vendeurs des rues reprennent leurs activités. Mais beaucoup d’enfants ou d’adolescents n’ont pas repris le chemin de l’école.


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