Au Sénégal, l’état d’urgence et le couvre-feu dans les grandes villes ont été décrétés assez tôt, les écoles ont fermé pour un mois de vacances exceptionnelles. Les frontières sont closes, les déplacements limités. Le gouvernement a mis en place un fonds spécial de soutien aux entreprises pour compenser le chômage technique des employés et des remises d’impôts sont prévues. Pour les plus pauvres, les factures d’eau et d’électricité sont gelées et des distributions de vivres sont prévues.
Notre partenaire, l’UDEN, a cessé ses activités en présentiel et déplore que nombre de dossiers de gestion de carrière et d’arriérés de salaires restent en suspens, l’administration n’accordant plus aucun rendez-vous, même virtuel. Beaucoup d’élèves perdent le contact avec l’école, car ils résident dans des localités dépourvues d’électricité et ne peuvent accéder aux programmes de télévision mis en place ou aux plateformes numériques. La continuité pédagogique semble réservée aux plus aisés.
Mais des motifs d’espoir existent : Abdourahmane Gueye, secrétaire général de l’UDEN, constate que « les scènes de bravade du couvre-feu organisées par des jeunes à moto qui mettaient les policiers sur les nerfs semblent ne plus être d’actualité. La Direction nationale de la Police a dû sortir un communiqué, face au tollé créé par les brutalités de certains de ses agents, et les a condamnées, elle affirme qu’il y aura des sanctions contre ces agents ». Le couvre-feu paraît plus respecté et «depuis le premier cas de décès, il semble que certains commencent à penser que nul n’est à l’abri, a priori».
Au Niger, les écoles et les universités sont fermées depuis la mi-mars et le gouvernement semble avoir pris la mesure du risque pandémique. L’état d’urgence a été décrété et la capitale, Niamey, est sous couvre-feu. Le recrutement de 1500 agents de santé supplémentaires ne pourra cependant pas faire face à une vague d’hospitalisations, dans un pays où le système de santé publique est particulièrement défaillant. «Il est à présumer d’une catastrophe si la simulation au plan mondial est prise en compte ; notre seule parade reste, sans appel, la prévention» pense Issoufou Arzika Nanaije, le secrétaire général du SNEN, un syndicat depuis longtemps partenaire de coopération du SNES. L’assemblée générale annuelle des militants du SNEN est reportée sine die et il semble difficile de mettre en place des moyens alternatifs d’enseignement : «le ministère des enseignements secondaires a sorti un plan de sauvetage, on peut dire que c’est déjà bien que les autorités y pensent, mais faute de moyens pour procéder à un enseignement par voie d’internet ou télévisuel ou radiophonique (il n’y a pas d’électricité, de télévision, d’internet partout) tous les scenarii passeront par un enseignement en présentiel, donc avec des enseignants en salle de classe», ce qui fait craindre aux militants du SNEN une quasi-« année blanche» en matière d’enseignement.
A Djibouti, le confinement n’a dans un premier temps touché que les cas détectés et quelques « clusters » ; les écoles ont été fermées, la fonction publique dans son ensemble a suspendu ses services. Puis dans un deuxième temps, le confinement s’est durci et les déplacements non essentiels ont été interdits.
Ahmad Kadar Nour, secrétaire général du SEP, notre partenaire, regrette l’absence de dialogue entre le syndicat et le gouvernement «le syndicat en tant qu’organisation n’est pas pris en considération. N’oublions pas qu’on est déjà en période de précampagne présidentielle: le gouvernement ne veut pas voir émerger un seul risque d’entité dont le contrôle lui échappe et qui trouve une quelconque influence ou autorité morale dans la société». La rigueur du confinement a complètement isolé les localités de province et la continuité pédagogique est souvent une illusion. De plus, les rumeurs circulant sur les réseaux sociaux sont dangereuses, selon Ahmad Kadar Nour, qui a dû publier sur sa page Facebook un avertissement: «Être musulman n’est pas une garantie contre le virus! Expliquons-le à ceux qui pensent à tort le contraire!». Il déplore aussi le non-respect du confinement, avec des réunions clandestines fréquentes de consommateurs de qat, des «soirées consacrées aux jeux de cartes, à la pétanque». Quant aux élèves, beaucoup d’entre eux se préoccupent plus aujourd’hui de trouver un moyen d’obtenir des distributions gratuites de nourriture que de suivre les cours à la radio, une grande partie de la population étant dans une situation de survie.
Au Burundi le nombre de cas détecté étant minime, le gouvernement a depuis le début de la pandémie opté pour une position très particulière: ni confinement ni couvre-feu, écoles ouvertes, rassemblements religieux encouragés (prières contre l’épidémie) et pas de limitation des déplacements. Les seules recommandations sont de se laver fréquemment les mains et les frontières sont fermées. Le STEB, principal syndicat de l’éducation et partenaire de coopération du SNES, par la voix de son président Rémy Nsengiyumva, fait part, cependant, de son inquiétude: « les écoles sont ouvertes et les examens se déroulent à la normale. Nous nous inquiétons des moyens dont le gouvernement dispose pour faire face à l’épidémie. Nous continuons à demander qu’il ait un renforcement des mesures et une fermeture temporaire des écoles».
Tous nos partenaires ont réduit ou cessé leurs activités en raison de la pandémie. Francophones, ils suivent largement les émissions d’information de la télévision française et lisent les journaux francophones sur internet: ils nous ont envoyé des messages de solidarité qui nous ont touchés. Leur constat est unanime: jamais les systèmes de santé africains ne pourront faire face en cas de flambée épidémique sur le continent.
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