Un enseignement à distance illusoire
La réouverture des écoles est prévue pour le 25 juin, uniquement dans les classes d’examen. En attendant, le ministère de l’éducation a prôné un enseignement à distance. Jokebed Djikoloum, militante du SET, chargée des projets de coopération, reste très sceptique : « l’enseignement à distance n’est pas efficace car la radio nationale ne couvre pas toute l’étendue du territoire, la télévision c’est pire et l’internet est du luxe au Tchad. Enfin, il faut compter avec les délestages intempestifs. Peut on faire un enseignement à distance avec ses conditions? C’est l’échec total ». Car plus des trois quarts de la population tchadienne vit en zone rurale, avec un accès limité ou inexistant à l’électricité.
Le SET a vivement réagi et craint que l’année scolaire soit perdue. « Nous, au SET, avions écrit un communiqué pour donner les conditions de reprise au Gouvernement », cependant notre partenaire craint de n’être guère écouté. Le gouvernement a assuré récemment que les examens se tiendraient et que 2019-2020 ne serait donc pas une « année blanche », ce qui était la crainte des enseignants, des élèves et des parents. Mais les conditions de passation des examens ne sont pas encore clairement définies.
Une économie très touchée
En ce qui concerne les déplacements, les voyages à distance dans les provinces sont interdits et dans la capitale, « les taxis collectifs circulent mais ne peuvent véhiculer que 4 personnes au maximum et les minibus, 10 personnes ». Ces conditions très inhabituelles sont évidemment un frein à la circulation. Seuls les camions de ravitaillement sont autorisés à franchir les barrières d’entrée et de sortie de la capitale, N’Djamena.
Les marchés ont fermé deux mois, privant les petits vendeurs de ressources. Ceux-ci ont souvent continué à travailler clandestinement, mais en souffrant d’une baisse très nette de leurs revenus. Si le gouvernement a pu faire procéder à des distributions gratuites de nourriture pour les plus pauvres, les entrées de devises du pays sont très affectées par la baisse des prix du pétrole. Enfin, les difficultés de ravitaillement et le ralentissement des transports, comme la peur de la pénurie, ont fait flamber les prix alimentaires depuis deux mois, fragilisant encore plus les familles pauvres. Avant la pandémie, plus du quart des habitants se trouvaient déjà en situation d’insécurité alimentaire.
Des gestes barrières difficiles à imposer
En ce qui concerne les gestes barrières, selon nos collègues, ils seraient peu respectés : « Les marchés ne sont plus fermés, les places mortuaires, les mariages sont toujours pleins de gens malgré les forces de l’ordre qui les frappent…» Et bien que le port du masque sur la voie publique soit obligatoire depuis avril et les contrevenants passibles d’une amende de 2000 francs CFA ( 3 euros), la mesure est peu appliquée. Dans un premier temps le gouvernement avait même renoncé à l’obligation, faute de masques disponibles.
En province, la diffusion de l’information sur la pandémie est rendue difficile par l’absence de médias de communication et l’ONU a équipé 1400 travailleurs communautaires pour promouvoir les gestes barrières et informer les populations rurales sur les dangers de la covid-19. Cependant, l’absence d’accès à l’eau courante et parfois la croyance que le virus ne survit pas à la chaleur sont un obstacle.
Mais nos collègues du SET n’entendent pas baisser les bras et s’ils ne peuvent plus tenir de réunions d’information en raison de l’interdiction des rassemblements, ils essaient de créer une plate-forme numérique militante, malgré les coupures d’électricité, et ont pour projet de mieux informer tous les enseignants du pays, par une émission de radio et des dépliants à destination de leurs collègues et des familles.
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