Après avoir recueilli les informations alarmantes sur la situation de nos camarades de Djibouti, nous reproduisons ci-dessous:

– La lettre adressé par la FSU au président Hollande, au ministre Ayrault et à l’ambassadeur de France à Djibouti;

– La lettre adressée par l’internationale de l’éducation au président de la république et au ministre de l’éducation nationale de Djibouti .

Courrier de la FSU

Depuis quelques semaines nous recevions des messages alarmants de nos camarades des deux principaux syndicats de l’éducation à Djibouti, le SEP pour le primaire, le SYNESED pour le secondaire. Nous apprenons que le secrétaire général du SEP et son adjoint ont été arrêtés par les services de sécurité.

Le général adjoint du SEP et président de la ligue des droits humains de Djibouti, Omar Ali Ewado, a déjà été emprisonné plusieurs fois car le SEP est accusé d’être hostile au président Guelleh et de soutenir l’opposition. Il a été arrêté le 19 mars 2017 en sortant de son domicile et sa famille ne sait pas où il est incarcéré. Il avait peu de temps auparavant été licencié et son salaire avait été suspendu.

Le lendemain, le secrétaire général du SEP, Ahmed-Kadar Nour a été convoqué par la police et menacé par le directeur de l’enseignement d’une procédure disciplinaire pour abandon de poste s’il se rendait à cette convocation, ce qui le plaçait dans une situation intenable. Sa fille nous a indiqué par téléphone qu’il a été arrêté lundi 20 mars à 10h30 et que la famille ignore le lieu de son incarcération.

Ces arrestations sont dans la continuité d’une répression incessante contre l’expression du droit syndical à Djibouti, alors que les syndicats demandent simplement à être associés aux réformes entreprises par les autorités éducatives et à participer aux discussions qui déterminent les conditions de travail de leurs membres.
Le harcèlement et la répression à l’encontre des enseignants et des syndicalistes cherchant à exercer leurs droits légitimes à la liberté d’expression et à la liberté syndicale, ainsi que le manque de dialogue social constituent de graves violations des droits humains et syndicaux fondamentaux internationalement reconnus, y compris par Djibouti qui a ratifié en 1978 les conventions 87 et 98 de l’Organisation internationale du travail et qui est membre officiel de la francophonie.

La FSU vous demande d’intervenir rapidement auprès du gouvernement de Djibouti, dont le président a été reçu à Paris par vous-même, au début du mois, pour obtenir la libération des dirigeants syndicaux emprisonnés ainsi que leur réintégration dans l’éducation nationale.

Je vous prie de croire, Monsieur le Président de la République, en l’expression de mes salutations respectueuses.

Bernadette Groison Secrétaire Générale

Courrier de l’Internationale de l’éducation aux autorités Djiboutiennes

L’Internationale de l’Education souhaite exprimer sa profonde inquiétude suite aux arrestations de Mr Omar Ali Ewado, Secrétaire général adjoint du SEP, et de Mr Ahmed- Khadar Nour, Secrétaire général du SEP, par les Services djiboutiens de sécurité (SDS).

Omar Ali Ewado a été arrêté à son domicile le 19 mars en fin de journée. La Ligue djiboutienne des droits de l’homme (LDDH), dont Mr Ewado est président, craint pour l’intégrité physique de celui-ci, évoquant notamment des risques de torture. Mr Ewado aurait également entamé une grève de la faim.

Ahmed-Kadar Nour a quant à lui été convoqué dans les locaux des SDS le matin du 20 mars. Nous sommes sans nouvelles de sa part depuis lors ; il a probablement été arrêté lui aussi. En outre, Mr Nour ferait également l’objet d’un rapport pour abandon de poste ; cette procédure aurait été initiée avant même qu’il ne soit forcé de quitter son lieu de travail pour répondre à la convocation des SDS.

Les autorités n’ont jusqu’à présent rien communiqué quant aux raisons de ces arrestations. Celles-ci interviennent dans un contexte antisyndical extrêmement préoccupant. Depuis de nombreuses années, les syndicats djiboutiens affiliés à l’IE, le SEP et le SYNESED (Syndicat des professeurs des collèges et lycées de Djibouti), nous informent régulièrement des discriminations et des sanctions dont leurs membres et dirigeants sont victimes: arrestations, suspensions de salaires, harcèlement, mises à la retraite anticipée, ou encore
mutations punitives.

Le SEP et le SYNESED déplorent également l’absence de dialogue social, qui les empêche d’être associés aux décisions et réformes prises par les autorités éducatives et de participer aux discussions qui déterminent les conditions de travail de leurs membres.
Le harcèlement et la répression à l’encontre des enseignant.e.s et des syndicalistes cherchant à exercer leurs droits légitimes à la liberté d’expression et à la liberté syndicale, ainsi que le manque de dialogue social constituent de graves violations des droits humains et syndicaux fondamentaux internationalement reconnus, y compris par Djibouti qui a ratifié en 1978 les conventions 87 et 98 de l’Organisation internationale du travail.

L’Internationale de l’Education demande respectueusement aux autorités de Djibouti de prendre les mesures voulues pour:
– Libérer immédiatement et inconditionnellement Omar Ali Ewado et Ahmed-Kadar Nour et garantir leur intégrité physique et psychologique ;
– Cesser immédiatement les mesures d’intimidation et lever toutes les sanctions prises de façon arbitraire à l’encontre des enseignant.e.s et personnels de l’éducation ;
– Garantir en droit et dans la pratique l’exercice de la liberté d’expression, de la liberté d’association et du droit de réunion pacifique, et pour créer un environnement propice à cet exercice1;
– Se conformer aux normes internationales ratifiées par Djibouti relatives aux droits syndicaux, à la protection des citoyens et au respect des libertés fondamentales;
– Etablir les conditions garantissant un dialogue respectueux et équitable avec l’ensemble des acteurs de la société civile, dont les organisations d’enseignants.

Les atteintes sérieuses et récurrentes aux droits fondamentaux des acteurs de la société civile dont se rendent coupables les autorités de Djibouti, obligent une fois de plus l’Internationale de l’Education à en référer au Conseil des droits de l’homme des Nations unies, à l’Organisation internationale du travail et à l’UNESCO.

L’Internationale de l’Education continuera bien entendu à suivre l’évolution de la situation et à apporter son soutien aux syndicats enseignants de Djibouti.

Nous vous assurons, Monsieur le Président de la République, de notre considération distinguée,

Fred van Leeuwen Secrétaire général

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