Comment le STESU, syndicat ukrainien de l’éducation, poursuit-il son activité dans la guerre ?

Des conditions d’une extrême difficulté

Aujourd’hui toutes les écoles et établissements scolaires sont fermés en Ukraine (par lettre ministérielle adressée aux équivalents des recteurs et aux chefs d’établissement le 25 février). Beaucoup d’enseignants et de militants syndicaux ont quitté leur logement pour trouver des abris plus sûrs, souvent hors des grandes villes intensément bombardées. Ce membre du STESU témoigne : « Après avoir passé plusieurs nuits dans un abri à Kyiv, je suis en sécurité à présent, et toujours en Ukraine. Il y a deux jours je suis parti vivre chez mes parents, à 300 km de Kyiv ». Mais tous n’ont pas eu la possibilité de partir.

Les infrastructures scolaires n’ont pas été épargnées par les bombardements. Dans un communiqué du 6 mars, le STESU indique qu’« il y a déjà dix jours que les troupes russes ont attaqué les villes et les villages ukrainiens, durant cette époque de cauchemar, plus de 3000 civils et parmi eux 32 enfants ont été tués. Les missiles et les bombes détruisent des immeubles résidentiels, des écoles maternelles, des orphelinats, des maternités et des établissements scolaires ». Le ministère de l’éducation faisait état le 7 mars de 211 écoles détruites par les bombardements.

Il est très difficile de connaître la situation des enseignants : beaucoup sont partis à la campagne, d’autres sont en Pologne ou en Hongrie, en Roumanie. « Pour le moment nous n’avons plus vraiment d’informations sur nos adhérents car c’est le chaos dans le pays. Beaucoup de gens se déplacent tout le temps et il est difficile de les joindre, de recueillir des informations et de savoir combien de gens sont partis à l’étranger, où ils se trouvent, combien d’entre nos adhérents sont restés en Ukraine » nous dit un responsable syndical.

Et pourtant des liens maintenus grâce au numérique

Le STESU continue d’alimenter régulièrement son site internet, ainsi entre le 25 février et le 7 mars, ce sont plus de 13 articles qui sont parus.

« Nous recevons des informations sur les possibilités d’aide en provenance d’autres pays et les renvoyons à nos organisations régionales pour qu’elles puissent les répartir entre tous les enseignants qui sont restés. Nous essayons aussi de poster ces informations sur notre site internet. » déclare un responsable qui travaille depuis la province. « Ici Internet et la connexion téléphonique par la 3G ne sont pas de bonne qualité mais c’est suffisant pour lire les nouvelles et envoyer des messages ou des mails. L’électricité est coupée de temps en temps mais nous pouvons encore recharger les smartphones. Nous avons des informations par la télévision publique et par les sites internet officiels ».

Site internet du STESU

Sur son site consultable ici : https://pon.org.ua/novyny/ (en ukrainien, avec quelques articles traduits en anglais), le STESU publie à la fois ses déclarations et des conseils aux enseignants. En date du 5 mars, le STESU, comme la plupart des syndicats ukrainiens, appelle à un bouclier aérien : « le STESU appelle l’Internationale de l’Education et le CSEE (partie européenne de l’IE) à s’adresser à leurs organisations membres pour qu’elles demandent aux gouvernements des pays de l’OTAN de protéger le ciel de l’Ukraine afin d’arrêter l’agression de grande ampleur de la Russie ». Figure aussi l’appel des recteurs des universités du pays à l’Association européenne des universités. Le STESU informe aussi les enseignants des conditions légales en cours : les enseignants sont placés en vacances mais il ne s’agit nullement de congés sans solde et les contractuels ne peuvent pas subir de pressions des chefs d’établissement pour demander de tels congés.

La page Facebook du syndicat est alimentée de façon encore plus régulière : plusieurs posts chaque jour relayant, par exemple, les mobilisations en Europe en faveur de l’Ukraine. Elle compte plus de 14 000 abonnés.

Page Facebook du STESU, ici manifestations de soutien à Varsovie

Quand on demande à l’un de nos interlocuteurs du STESU s’il a un message à adresser aux syndicats français de l’éducation, il répond : « je voudrais tous les remercier pour leur soutien très fort. Beaucoup de pays unissent leurs efforts pour nous aider. L’unité et la conviction sont la plus grande force dans n’importe quelle guerre. »


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