SNES-FSU : Y a-t-il encore des écoles et des lycées ouverts en Ukraine (par exemple dans l’ouest du pays) ?

STESU : Non, il n’y a pas d’écoles ouvertes en Ukraine car l’état de guerre est déclaré dans tout le pays et des bombardements sont effectués par l’armée russe partout, même dans la partie ouest.

Est-il possible de faire de l’enseignement à distance ? Les élèves disposent-ils d’ordinateurs et de connexions ? Utilisent-ils leurs smartphones ?

Selon le ministère de l’Éducation et des Sciences, l’enseignement à distance a été organisé dans 13 régions d’Ukraine sur 25. Dans les autres régions voici ce qu’il se passe : dans 9 régions, il y a un enseignement à distance partiellement organisé. Dans 2 régions, où la situation sécuritaire reste tendue, le processus éducatif est suspendu. Enfin, les informations concernant une région sont manquantes en raison des combats actifs dans la région. Lorsque internet et les communications mobiles sont rétablis (ils ont été endommagés durant les hostilités et ont été suspendus pendant 5 à 20 jours selon les zones) et que l’électricité est disponible (il est beaucoup plus difficile et plus long de la rétablir), il est possible de participer au processus éducatif et aux formations, si la situation sécuritaire le permet. Dans les 13 régions où la situation est plus ou moins sûre, les élèves utilisent des ordinateurs. Mais nous ne pouvons pas obtenir d’informations sur le nombre d’étudiants impliqués dans le processus éducatif et sur ce qu’ils utilisent dans le reste des régions où la situation est instable et dangereuse.

Quelles sont les instructions données aux enseignants par le ministère ? Sont-elles réalistes ? Sont-elles appliquées ?

En ce qui concerne les instructions fournies par le ministère de l’Éducation et des Sciences , elles sont réalistes, dans la mesure où elles tiennent compte de la situation. Les enseignants disposent d’instructions et de matériel pour travailler à distance. Les enseignants de presque toutes les régions (à l’exception des régions les plus dangereuses où se déroulent des actions militaires) ont reçu leur salaire pour le mois de mars. Les écoles des zones où se déroulent des opérations militaires ne sont pas sûres pour les enseignants qui y restent, même pour une courte période. Il existerait des cas (l’information doit être clarifiée) où des responsables de jardins d’enfants et d’écoles ont été blessés alors qu’ils se trouvaient dans des établissements d’enseignement.

Dans les zones de guerre, quelle est la proportion approximative d’enfants et d’adolescents qui sont restés sur place ?

Le chiffre exact est actuellement inconnu. La seule information dont nous disposons est que pendant le mois de la guerre en Ukraine, 4,3 millions d’enfants ont été déplacés, ce qui représente plus de la moitié des enfants et adolescents du pays (7,5 millions). Il y aurait parmi eux plus de 1,8 million d’enfants qui ont fui vers les pays voisins en tant que réfugiés et 2,5 millions qui sont actuellement déplacés à l’intérieur de l’Ukraine.

Y a-t-il des programmes éducatifs à la télévision ?

Malgré les difficultés, le ministère ukrainien de l’Éducation et des Sciences a créé les conditions pour que les enfants puissent poursuivre leur éducation pendant la guerre. Le principal outil d’éducation est la plateforme École en ligne pour tous les Ukrainiens. Les élèves ont également la possibilité d’étudier par les écoles privées, qui offrent un accès gratuit à l’éducation sur leurs plateformes. En outre, le ministère, en collaboration avec l’UNICEF, a lancé un jardin d’enfants en ligne : NUMO, avec des vidéos pour les enfants âgés de 3 à 6 ans. Des leçons d’éducation physique en ligne ont maintenant été ajoutées. Toutes les leçons sont disponibles sur la chaîne Youtube et sur d’autres plateformes télévisées, et sont diffusées quotidiennement sur plusieurs chaînes de télévision dans le cadre du projet Apprendre sans frontières. En outre, pour faciliter les processus d’apprentissage d’un grand nombre d’enfants, le ministère de l’Éducation a créé, en collaboration avec Google Ukraine, un programme en ligne entièrement ukrainien.

Les membres du syndicat ont-ils recours au syndicat en ce moment ? Si oui, pour quel type de services ?

Notre syndicat a reçu de nombreuses demandes d’assistance de la part de nos membres. Le syndicat fournit une aide financière directe aux membres du syndicat dont les maisons ont été totalement détruites. Nous fournissons une aide humanitaire à ceux qui n’ont pas de vêtements et de nourriture et organisons des lieux de vie temporaires pour les réfugiés internes. Le département juridique du syndicat donne des consultations sur les conditions de vie et de travail en état de guerre, sur l’enseignement à distance (même pour les éducateurs qui ont été forcés de partir à l’étranger). Le syndicat et ses organisations régionales continuent à travailler dans les zones où cela est possible et sûr. Les bureaux régionaux du syndicat sont devenus des centres de distribution et de tri de l’aide humanitaire et du soutien psychologique pour tous ceux qui en ont besoin. Des installations éducatives sont prévues pour le séjour temporaire des personnes provenant de la zone de guerre.

Dans les zones de guerre, quelle est la proportion approximative des bâtiments scolaires qui ont été détruits ou endommagés ?

A ce jour, le Ministère de l’Éducation et des Sciences rapporte que 797 établissements scolaires ont été endommagés, et que plus de 80 d’entre eux ont été complètement détruits.

Selon votre propre expérience, comment les enfants qui sont encore avec leurs parents vivent-ils la guerre ?

Tout d’abord il faut dire que depuis le début de la guerre en Ukraine, 148 enfants sont morts et au moins 232 enfants ont été blessés, selon le Bureau du Procureur général. La déclaration du commissaire aux droits de l’homme du Parlement d’Ukraine indique qu’il est impossible d’établir le nombre exact d’enfants tués et blessés en raison des combats en cours et de l’occupation de certains territoires.

Pour ce qui est de ceux qui sont en vie et avec leurs parents, il s’agit d’une question très difficile. Après ce cauchemar, je ne peux pas vraiment imaginer quelles blessures psychologiques demeureront. Aujourd’hui, de nombreux enfants en Ukraine ont vu ou entendu des explosions. Des soldats russes tuent des parents devant leurs enfants, plusieurs témoignages montrent qu’ils violent leurs mères devant eux… Et toutes ces images et les sons des sirènes des raids aériens seront imprimés dans l’esprit de chaque enfant en Ukraine. Nos enfants n’oublieront jamais et ne pardonneront pas. Maintenant, ils ont besoin de paix et d’une enfance paisible et insouciante !

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