Une situation sanitaire encore incertaine
Le Royaume-Uni est l’un des pays européens qui a été le plus durement touché par la covid-19, en raison sans doute de sa grande ouverture au monde et des erreurs flagrantes de ses responsables politiques au début de la pandémie. Le bilan est actuellement de plus de 138 000 morts. Rappelons que dans un premier temps, Boris Johnson a parié sur l’immunité collective et laissé circuler le virus, par peur surtout de freiner l’économie britannique. Ses visites sans gants ni masque dans les hôpitaux londoniens ont donné l’image d’un pouvoir d’une grande légèreté face au danger, jusqu’au moment où le premier ministre lui-même a été infecté et hospitalisé.
Un rapport parlementaire attribue aujourd’hui une lourde responsabilité au gouvernement et à ses experts scientifiques dans la mauvaise gestion de la pandémie. Le rapport pointe de « graves erreurs » et affirme que « des milliers de morts auraient pu être évités ». et évoque « un des plus importants échecs en matière de santé publique que le pays a jamais connu ». Il est principalement reproché au premier ministre et à son gouvernement un confinement beaucoup trop tardif, un déploiement insuffisant des tests, et la croyance, au début de l’épidémie, en la nécessité d’une « immunité collective ». C’est par un recours massif à la vaccination que les autorités ont pu redresser la situation au printemps, ce que souligne aussi le rapport.
Cependant, depuis la fin de l’été, les taux de contamination s’envolent : ils atteignaient une moyenne de 30 000 par jour en septembre et augmentent encore en octobre (avec un taux record de 49 000 le 10 octobre) quand la France, pour une population équivalente, présente aujourd’hui des taux de 6000 contaminations par jour. La levée de toute mesure restrictive inquiète une partie des médecins et épidémiologistes et des cas nombreux apparaissent chez les adolescents (peu vaccinés, la vaccination des 12-15 ans venant de commencer) et les enfants (non vaccinés). La crainte d’un rebond épidémique avec l’hiver et des modes de vie plus tournés vers l’intérieur est réelle.
Des enseignants inquiets
Cinq syndicats de l’éducation ont écrit au secrétaire d’État à l’éducation, Nadhim Zahawi, pour lui demander de reconsidérer de toute urgence la réintroduction de mesures de sécurité supplémentaires dans les écoles, compte tenu de l’augmentation des taux d’infection chez les élèves.
Kevin Courtney, secrétaire général-adjoint de la NEU, déclare : « Nous sommes préoccupés par le fait que le gouvernement reste les bras croisés alors que les cas de COVID se multiplient dans les écoles. Il est évident qu’il faut faire plus, et le plus tôt sera le mieux, pour éviter de nouvelles perturbations massives de l’éducation des enfants, causées soit par des enfants contractant le COVID-19, soit par l’absence du personnel liée au COVID. »
Les cinq syndicats – GMB, NASUWT, NEU, UNISON et UNITE – vont également écrire à toutes les autorités locales et aux directeurs de la santé publique pour leur demander d’envisager des mesures dans leurs zones locales, car au Royaume-Uni ce sont les autorités locales, principalement les municipalités, qui ont en charge la définition et l’application des protocoles sanitaires. Certaines municipalités ont d’ailleurs déjà renforcé leurs protocoles, en réintroduisant l’interdiction du brassage des classes et des niveaux et le port du masque dans le second degré.
Avril Chambers, responsable nationale du GMB, constate : « Une fois de plus, le gouvernement semble nier les faits. Les cas de covid parmi les élèves des écoles augmentent de manière exponentielle et il est clair que des mesures d’atténuation supplémentaires sont nécessaires immédiatement ». Elle ajoute que : « Le personnel scolaire a gardé nos écoles ouvertes tout au long de la pandémie : il mérite de rester en sécurité et nos enfants méritent de ne pas voir leur éducation interrompue plus qu’elle ne l’a déjà été. Le ministre doit agir maintenant ». Patrick Roach, secrétaire général de la NASUWT, réclame le retour des tests à l’école (largement pratiqués au printemps) et conteste l’efficacité des tests à domicile, laissés à la bonne volonté des parents. Il souhaite aussi que « le gouvernement envisage de rétablir l’obligation pour les élèves de s’auto-isoler s’ils sont en contact étroit avec une personne testée positive ».
Pour Jon Richards, secrétaire général-adjoint d’UNISON, « les ministres en charge de l’éducation et de la santé doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour mettre un terme aux perturbations continues de l’apprentissage en classe alors que les infections augmentent. Pour offrir aux élèves et au personnel une plus grande protection, les masques faciaux doivent revenir immédiatement, de même que les bulles scolaires et les autres précautions raisonnables qui ont été abandonnées. Les filtres à air sont également essentiels pour limiter la propagation du virus et garantir aux élèves une année scolaire plus stable. »
Le départ du gouvernement de Gavin Williamson, secrétaire à l’éducation depuis 2019 et très critiqué pour sa gestion de l’épidémie, donne l’espoir aux syndicats britanniques d’être mieux entendus.
Vous trouverez ici des informations sur les actions de coopération avec les syndicats d’autres pays, les analyses et réflexions du SNES-FSU sur l’actualité internationale, des comptes-rendu d’instances internationales dans lesquelles siège le SNES-FSU. Des remarques, des questions ?
Contactez nous : internat@snes.edu