Qu’est ce que le CESE ?
C’est un organe institutionnel de l’UE, créé par les traités de Rome de 1957. Il est la voix de la société civile européenne. Il s’organise en trois groupes : les employeurs, les syndicats et la « diversité européenne ». Il émet des rapports en lien avec les questions européennes. Cependant, ces derniers sont consultatifs et non contraignants, la Commission européenne n’a aucune obligation à suivre les conseils qui sont donnés.
Pourquoi faire le choix de vous engager au niveau européen plutôt qu’au niveau national ou local ?
C’est avant tout une histoire familiale. Je viens d’une famille antifranquiste, je suis quelqu’un d’engagé à gauche. Comme disait le poète Gabriel Celaya c’est « maintenir le fil rouge entre les générations ». Lorsque j’ai terminé les études de droit en 1991, les avocats de gauche s’intéressaient à défendre les plus vulnérables : les étrangers, les immigrés, les victimes des agressions fascistes. C’était donc une évolution naturelle pour moi. En 2015, pendant la mal-nommée « crise des réfugiés », Comisiones Obreras m’a nommé à Bruxelles pour apporter un éclairage technique. L’immigration est en effet un sujet complexe qui concerne la vie quotidienne
Votre travail comme membre du CESE a-t-il permis une ou des avancées dont vous êtes fier ?
Il y a deux avis dont je suis particulièrement fier. Le premier est en lien avec le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières adopté en 2018 lors de la conférence intergouvernementale de Marrakech (NDA : le premier accord sur une approche commune de la migration internationale dans toutes ses dimensions). Mais il n’entrait pas dans le paquet législatif européen. Or, un avis du CESE de 2019 a rendu cet accord compatible avec la législation européenne. Le deuxième est l’aboutissement des négociations sur le nouveau pacte sur la migration et l’asile de la fin 2023. Il corrige celui de 2020 que j’avais durement critiqué car il s’agissait d’un pacte de frontières qui durcissait les conditions de migrations.
Justement, cet accord européen a eu lieu en même temps que le vote en France d’une loi controversée sur l’immigration. Quel regard portez-vous sur ces deux textes ?
C’est une sensation de déception et de préoccupation. De déception pour le texte de l’UE car il adopte la vision de l’extrême droite qui traite les migrations sous l’angle de la sécurité. L’UE est aveugle si elle croit gérer un sujet social sous l’angle du contrôle policier et de la sécurité. Elle commet une erreur. L’immigration n’est pas un problème. Il y a eu, il y a et il y aura de l’immigration. Aujourd’hui, le coût de l’absence d’immigration serait impossible à assumer. Le cas de la France est plus inquiétant encore car il donne des arguments à l’extrême droite. Il laisse à penser que l’immigration met en cause l’identité française. Ça m’inquiète beaucoup, cela a toujours été le champ de bataille de l’extrême droite. Que la France fasse cette erreur est vraiment préoccupant.
Que diriez-vous à un·e citoyen·ne qui hésite à voter aux élections européennes ?
Les gens ont l’impression que ce sont des élections moins importantes. C’est faux, elles sont au contraire très importantes. L’UE c’est ce qu’on en fait ! La majorité qui sortira des urnes conditionnera les politiques européennes. Il ne faut pas céder au populisme ou écouter les chants des sirènes de l’extrême droite, ne pas lui laisser la possibilité d’influencer les politiques européennes. Les problèmes complexes comme l’immigration nécessitent des réponses complexes. Il faut mettre d’accord les politiques de plusieurs pays notamment sur l’intégration ou le travail, ce n’est pas facile. Il faut fuir les discours qui donnent des solutions faciles. L’extrême droite ne donne pas de solutions, elle donne des consignes. Je crois toutefois au sens commun de l’électorat qui votera en conscience.
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