Chère Frédérique,
Chers camarades,
Je vous remercie de l’invitation au Congrès du SNES-FSU.
C’est un honneur et un plaisir pour moi de participer au Congrès du SNES-FSU cette année et de passer ce moment important avec vous.
Je vous transmets les salutations du Comité Syndical Européen de l’Éducation, la région européenne de l’Internationale de l’Éducation, représentant 132 syndicats d’éducation et environ 11 millions d’enseignants et enseignantes.
Le SNES est un syndicat très actif au niveau de l’instance syndicale qu’est le CSEE à travers les analyses et la participation des militantes et militants du SNES.
La solidarité du SNES avec d’autres syndicats dans la région est bien connue, comme par exemple le soutien important pour nos collègues en Turquie qui subissent une féroce répression, à la fois syndicale et politique.
Je vous remercie pour votre soutien.
Les quatre thèmes que vous avez retenus pour votre congrès sont décisifs pour la qualité de l’enseignement public que vous défendez.
En France le pourcentage du produit intérieur brut alloué à l’éducation reste toujours bas, il est à 5.3%. De plus, les salaires des personnels enseignants et de l’éducation en général restent bas.
Avec la charge excessive de travail et les nouvelles méthodes managériales, les chefs d’établissement deviennent des administrateurs. Il semble que votre gouvernement, en particulier le Ministre de l’Éducation, considèrent leur rôle comme celui de gérant d’entreprise d’éducation. La liberté pédagogique est plus que menacée.
Pour beaucoup d’enseignants, la journée n’est plus d’enseigner dans les classes, mais de faire la navette entre différentes écoles, différentes classes.
La France fait partie des pays où de plus en plus d’enseignants et d’enseignantes, d’étudiants et d’étudiantes qui ont choisi la carrière d’enseignant cherchent du travail dans le secteur privé ou choisissent d’autres professions mieux rémunérées.
La profession enseignante en France a énormément perdu de son attractivité.
Les perdants sont clairement les jeunes, la future génération du pays. Car ils n’ont pas accès à une éducation publique de haute qualité.
En commercialisant l’enseignement et en externalisant des parties du secteur, c’est la qualité qui souffre. La liberté académique est sous pression quand les enseignants sont exposés à des procédures issues d’entreprises privées.
Un des domaines dans lesquels il y a un grand danger de privatisation est l’utilisation des nouvelles technologies. Le CSEE répète que l’éducation n’est pas à vendre et que les robots ne remplaceront jamais les enseignants et les enseignantes.
Ce qu’il faut, c’est plus de qualité dans la préparation des futures enseignants et enseignantes et une formation continue et gratuite des collègues qui sont dans le métier depuis des années.
C’est un sujet sur lequel le CSEE continue à travailler en s’appuyant sur les revendications de ses organisations membres.
Nous devons interpeller le gouvernement et les hommes et femmes politiques:
Investir dans l’éducation, n’est pas une perte, c’est un investissement dans le futur !
Particulièrement dans des temps où il y a beaucoup d’insécurité, je parle évidemment des actes terroristes et extrémistes et de la montée des mouvements d’extrême droite, l’Europe a été fortement choquée par les attentats terroristes à Paris et à Nice.
J’étais moi-même à Bruxelles, lorsque l’explosion des bombes à l’aéroport de Bruxelles et à l’arrêt de métro ‘Malbeek’ s’est produite et j’ai vécu personnellement l’impact que ces actes ont eu et continuent à avoir sur les gens et leur vie quotidienne.
En Europe, les personnes qui sont forcées de quitter leur pays, cherchent la protection et la sécurité a provoqué des débats politiques, des ruptures et la montée des nationalismes.
Ici, en France, ou le Front National se retrouve régulièrement aux deuxième tour, vous savez à quel point l’extrémisme et la radicalisation sont porteurs de dangers pour la démocratie.
Nous, les représentants des syndicats d’enseignants et d’enseignantes, avons un rôle important à jouer quant au développement des jeunes en tant que citoyens et citoyennes responsables, capables de réfléchir de façon critique et de valoriser les principes démocratiques tels que les droits de l’homme et l’égalité des chances.
La responsabilité du mouvement syndical enseignant européen est de permettre la coordination des luttes qui sont menées dans différents pays de l’Union Européenne et hors de l’Union Européenne, par exemple en Slovénie, au Danemark, au Royaume Uni, aux Pays-Bas, au Portugal, en Grèce, en Italie, en Pologne, en Bosnie-Herzégovine et en France.
Le CSEE qui représente la voix des enseignants et enseignantes en Europe, en tant que Région européenne de l’Internationale de l’Éducation, dénonce cette vision utilitariste de l’éducation que les institutions européennes mettent en avant.
Le CSEE défend l’éducation et les services publics en général et les met en valeur au sein de l’Union Européenne en tant que facteurs de cohésion sociale.
Ne gâchons pas ce potentiel qui est la future génération de la France, les jeunes.
C’est à nous de donner une perspective positive à ceux qui ont toute leur vie devant eux.
C’est grâce à l’engagement militant de tous que nous pourrons renforcer nos revendications syndicales pour rendre la profession plus attractive et améliorer les conditions d’études de tous les élèves, pour une Europe porteuse de progrès social, de solidarité et de respect des diversités.
Continuons à travailler ensemble pour que la voix des enseignants et enseignantes soit entendue et que la vision des syndicats d’enseignement partout en Europe soit clairement perçue.
Merci encore pour votre invitation et votre engagement dans les mobilisations si nécessaires.
Vive le mouvement syndical européen de l’éducation !
Susan Flocken
Directrice européenne du CSEE
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