Une stratégie misant sur la responsabilité individuelle

Le pays continue encore aujourd’hui de miser sur la responsabilité individuelle. « La stratégie suédoise communiquée par les autorités compétentes consiste à limiter la propagation de l’infection afin que le système de santé puisse gérer la situation. La Suède a introduit de nombreuses recommandations qui n’ont pas abouti, pour la plupart, à des contraintes économiques. » déclare Maria Rönn, vice-présidente de ce syndicat. Les personnels de l’éducation semblent moins critiques que leurs homologues d’autres pays européens à l’égard de la politique sanitaire de leur gouvernement : « Nous ne sommes pas des experts en contrôle des infections et n’avons donc pas la compétence pour évaluer quelles mesures de contrôle des infections ont le meilleur effet dans la société dans son ensemble. Notre compétence concerne l’école. » affirme Maria Rönn.

Cependant, dès l’automne, cette stratégie a été critiquée car elle a conduit à une circulation très active du virus et à la fragilisation des plus âgés qui ont payé un lourd tribut à l’épidémie. De plus, en comparaison avec ses voisins et proportionnellement à la population de chacun, le bilan humain est plus lourd en Suède, qui compte 130 morts pour 100 000 habitants, pour 12 ou 14 morts pour 100 000 habitants en Norvège et en Finlande, et 41 au Danemark, plaçant ainsi le pays presque au niveau de la France (136) ou du Brésil (135). L’épidémiologiste Anders Tegnell, qui avait orienté la stratégie sanitaire du pays, a été l’objet d’attaques dans la presse. Le gouvernement, sous la pression du roi et d’une partie de l’opinion publique a alors changé de stratégie et commencé à promouvoir les gestes barrières et le port du masque, sans toutefois aller jusqu’à la fermeture des écoles ou le confinement. Les lycées ont anticipé les vacances de Noël et sont passés à l’enseignement à distance pour une courte période. Les rassemblements de plus de huit personnes ont été déconseillés et la vente d’alcool dans les bars et restaurants après 22h a été interdite à la mi-novembre. Le débat sur la stratégie sanitaire a divisé le pays mais il semble que les enseignants et les parents soient sur une position consensuelle de refus de fermeture des écoles : « Nous voulons autant que possible que les écoles soient ouvertes car nous pensons que c’est mieux pour les enfants et les étudiants. Mais cela nécessite un travail intensif pour minimiser les risques d’infection. » déclare Maria Rönn.

La Suède se trouve à présent sous la menace d’une troisième vague, avec des contaminations en hausse depuis la mi-février et l’irruption du variant anglais. Depuis le 23 février, le port du masque dans les transports en commun de Stockholm est recommandé et il est envisagé d’étendre cette recommandation aux commerces. Les services de réanimations ne sont pas encore saturés mais 75 % des lits sont occupés en ce début mars 2021, ce qui inquiète les responsables sanitaires.

L’accompagnement syndical des personnels

Dans le domaine de l’éducation, le principal syndicat, Lärarförbundet a accompagné des enseignants divisés eux aussi sur la démarche à suivre. Il a particulièrement agi pour que les enseignants disposent de masques et de gel hydro-alcoolique et s’est opposé aux décisions de certaines municipalités qui avaient interdit le port du masque pour les enseignants sous prétexte que cela pouvait représenter un traumatisme pour les jeunes enfants (par exemple à Göteborg, deuxième ville du pays). « Lorsque des mesures suffisantes n’ont pas été prises, il a pu être nécessaire de fermer les écoles, ce qui a été fait. Dans plusieurs cas, Lärarförbundet a demandé ce que l’on appelle ”un arrêt de protection”, parce que l’environnement de travail ne fonctionnait pas de manière satisfaisante » déclare un militant du syndicat. En réalité, la peur d’être infecté au travail était grande chez la plupart des enseignants.

Le syndicat suédois a obtenu que les élèves du primaire cas-contacts dont les parents sont positifs au coronavirus restent à la maison, ce qui ne faisait nullement l’unanimité chez les parents et au sein de la classe politique. La covid-19 a été reconnue comme maladie professionnelle pour les enseignants. Suite aux pressions syndicales, le gouvernement a accordé aux municipalités un budget supplémentaire pour la somme totale d’un million d’euros afin que les écoles puissent faire face aux dépenses occasionnées par la pandémie, comme le nettoyage plus fréquent des locaux, la location de nouveaux bâtiments et des besoins numériques supplémentaires. Lärarförbundet a aussi contraint les écoles et établissements du second degré à remplacer les réunions d’équipe (nombreuses dans la système suédois) en présentiel par des visio-conférences.

Les responsables syndicaux suédois font aussi le constat de l’augmentation considérable de la charge de travail en temps de pandémie, même si les établissements sont restés ouverts. Enfin, plus récemment, Lärarförbundet a demandé à ce que les enseignants soient un groupe prioritaire dans la campagne de vaccination en cours. Mais le gouvernement a refusé cette priorité en arguant du manque de vaccins. Actuellement la part de la population vaccinée s’établit à 8 %.

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