Un monde syndical encore très masculin

Au Congo comme dans le reste de l’Afrique subsaharienne, si les femmes constituent à présent presque la moitié des effectifs enseignants, elles sont un peu moins nombreuses que les hommes à être syndiquées et surtout sont peu représentées dans les structures militantes nationales, même si elles jouent un rôle important au niveau local. Pour exemple, il est extrêmement rare qu’un syndicat enseignant africain ait pour secrétaire général… une secrétaire générale… Tout au plus les femmes accèdent-elles au poste de trésorière, souvent comme elles peuvent nous le confier, parce qu’aucun homme du bureau national ne veut s’en charger. La FETRASSEIC, au Congo, ne fait pas exception : son secrétaire général est un homme, et la plupart des membres de son bureau exécutif national sont des hommes. Néanmoins, la thématique de la sous-représentation des femmes fait son chemin dans le syndicalisme africain et la FETRASSEIC a donc proposé au SNES-FSU de financer des ateliers en province sur ce thème pour l’année scolaire 2021-2022, d’autant plus que des comités de femmes syndiquées existent déjà localement. « Dans les onze départements que compte notre pays, il a été mis en place des comités des femmes. Ceci pour amener les femmes à occuper des fonctions au sein des structures syndicales » nous disent les membres du bureau exécutif, ajoutant : «  cependant l’un des problèmes majeurs auquel nous sommes confrontés est la difficulté à amener les femmes à accepter des fonctions syndicales. Les deux raisons qu’elles invoquent sont le manque de formation syndicale et l’accaparement des responsabilités par les hommes ».

Des ateliers dans cinq provinces

Fin février, cinq chefs-lieux de province ont vu la tenue d’ateliers dont les thèmes principaux étaient en grande partie laissés à l’initiative des participantes et participants. A Bouenza et Niari, dans l’ouest du pays, les syndicalistes présentes ont préféré développer des thèmes de formation plus généraux : comment déclencher et d’organiser une grève, comment communiquer sur la grève, comment organiser des réunions préparatoires à la grève et mobiliser la profession, comment négocier avec l’administration. Ce qui s’est accompagné de l’étude de la législation congolaise en matière de droit de grève.

Atelier de Dolisie, province de Niari

A Pointe-Noire, Lekoumou et dans la province de la Cuvette-Ouest, les thèmes ont porté sur la syndicalisation des femmes, leur rôle dans les organisations syndicales ; un moment particulier à été dédié à l’étude de la convention 190 de l’OIT et la réponse à un questionnaire élaboré par la FETRASSEIC sur les violences faites aux femmes sur leur lieu de travail. En 2019, l’OIT a adopté la convention 190, contre la violence et le harcèlement au travail (voir ici le texte de la convention: https://www.ilo.org/dyn/normlex/fr/f?p=NORMLEXPUB:12100:0::NO::P12100_ILO_CODE:C190 ) . Ce texte juridique oblige tous les États ratifiant la convention à adopter « une législation définissant et interdisant la violence et le harcèlement dans le monde du travail, y compris la violence et le harcèlement fondés sur le genre ».

Un travail syndical à poursuivre

Les responsables de la FETRASSEIC se disent très satisfaits de la tenue de ces ateliers, qui ont regroupé une trentaine de participants par chef-lieu, dont une grande majorité de participantes. Selon eux, la prise de parole des femmes lors de ces échanges est un plus vers l’engagement syndical et la participation aux instances. Ils constatent que « concernant l’analyse du questionnaire sur le niveau de violence et de harcèlement dans le milieu du travail au Congo, la majorité des participants aux ateliers ont reconnu l’existence dans leur département des situations de violence et de harcèlement. C’est pourquoi, ils ont tous adopté une recommandation à adresser au gouvernement pour que le parlement de la République du Congo puisse ratifier la convention 190 de L’OIT ». De plus, dans les cinq provinces, les militantes « souhaitent que le Secrétariat fédéral puisse organiser à grande échelle la sensibilisation sur la convention 190 au niveau des établissements scolaires et des administrations qui relèvent de la FETRASSEIC ».

La convention 190 est entrée en vigueur en juin 2021, mais très peu d’États dans le monde l’ont actuellement ratifiée (11 États dont seulement deux pays européens, le Royaume Uni et l’Italie). A ce jour le gouvernement congolais n’a pas ratifié la convention.

Atelier de Pointe-Noire
Bienvenue sur le blog actualités internationales du SNES-FSU !

Vous trouverez ici des informations sur les actions de coopération avec les syndicats d’autres pays, les analyses et réflexions du SNES-FSU sur l’actualité internationale, des comptes-rendu d’instances internationales dans lesquelles siège le SNES-FSU. Des remarques, des questions ?
Contactez nous : internat@snes.edu