Neuf pays sur dix dans le monde ont enfreint le droit de grève en 2024, tandis que huit pays sur dix ont privé les travailleurs et travailleuses du droit à la négociation collective afin d’obtenir de meilleures conditions de travail. 49 % des pays ont arbitrairement arrêté ou détenu des syndicalistes. Le rapport de la Confédération syndicale internationale (CSI) renvoie à une « attaque incessante sur les libertés civiles et les intérêts des travailleur·ses » et documente les violations des droits reconnus à l’échelle internationale par les gouvernements et les employeurs. Il fait état, dans un nombre sans précédent de pays, de perquisitions de la police et des forces de sécurité dans les bureaux et au cours de réunions de syndicats, limitant fortement la capacité de ces derniers à fonctionner librement et à mener leurs activités. Les régimes autoritaires voire militaires et les conflits armés constituent des entraves majeures à l’exercice des droits individuels et collectifs, où les personnels éducatifs n’échappent pas non plus à une pauvreté parfois extrême. Comment militer en milieu à ce point hostile ?

Garder le contact

Faute de pouvoir collecter des cotisations payantes, les organisations syndicales doivent souvent avoir recours aux financements extérieurs pour assurer leurs missions et mettre en œuvre leurs mandats. Seule la coopération syndicale internationale peut dans ce cas assurer l’indépendance vis-à-vis du pouvoir en place. Sans le financement du SNES-FSU pour des campagnes de syndicalisation, le SNES-Mauritanie n’aurait aucune marge de manœuvre vis-à-vis du gouvernement islamique. Cela permet aux militant·es de sillonner un pays immense et d’aller à la rencontre des personnels sur leur lieu de travail. C’est une manière de porter inlassablement les revendications d’amélioration des conditions de vie et de travail. Au Tchad, le SNES-FSU finance depuis plus de dix ans les quatre numéros annuels de la revue syndicale du SET, La lumière, de la conception à la diffusion en versions française et arabe.

Maintenir une offre de formation syndicale

Malgré les conflits armés qui minent la région des Grands lacs et les conséquences de la guerre dans la zone frontière du Kivu, le SNES-FSU maintient depuis quatre ans une coopération avec le STEB sur le thème de la santé et de la sécurité au travail dans les écoles du Burundi où de nombreuses maladies professionnelles et des accidents sont liés aux conditions de travail en milieu insalubre. Il s’agit à terme de négocier avec les autorités scolaires pour obtenir des améliorations concrètes en matière de bâti et de sécurité. Cela vise à imposer à terme une Politique Nationale de Santé et Sécurité en milieu du Travail (PNSST) au Burundi.

Dans un autre contexte, le SNES-FSU appuie les actions du SNESS au Burkina Faso auprès des enseignantes qui exercent sous la menace djihadiste. Les femmes sont ici confrontées quotidiennement à de très graves violences physiques et psychologiques. La formation prévoit de réunir près de 80 enseignantes, militantes et sympathisantes du SNESS qui travaillent actuellement dans des régions à fort défis sécuritaires ou qui accueillent des EDI (Élèves Déplacés Internes) qui ont fui les exactions des groupes terroristes. Il s’agit de renforcer des compétences en lien avec l’éducation en Situation d’Urgence (ESU) telles que le programme « Safe School » et en « Appui Psychosocial » (APS). Cela répond aussi à un enjeu majeur : celui de se doter des moyens pour assurer la continuité éducative dans des territoires où les écoles ferment faute de sécurité et d’enseignant·es.

Avec l’aide du SNES-FSU

Au début des années 1990, le SNES-FSU a constaté que la solidarité internationale ne pouvait pas se limiter à des déclarations et qu’il fallait des moyens financiers pour mener de véritables actions de coopération. Pour garder le libre choix des pays et des causes qu’il défend, notre syndicat a décidé d’y consacrer une part de la cotisation des adhérent·es. C’est ainsi qu’en 1993, le congrès national du SNES-FSU de Bourg-en-Bresse a adopté une résolution qui fixe à 1 % du montant total des adhésions le budget de coopération.

La coopération syndicale internationale s’appuie sur deux piliers. Le premier est la coconstruction des projets avec les syndicats des pays concernés. Ces derniers sont toujours à l’initiative des organisations partenaires et partent de leurs besoins de terrain. Le second est celui des relations humaines et d’une relation de confiance entre les organisations. La première grande action a été un partenariat avec la Fédération Canadienne des Enseignants (FCE) pour cofinancer le programme de formation syndicale John Thompson Fellowship en Afrique de l’Ouest. Un modèle qui s’est ensuite étendu à l’Asie avec plus de partenaires et qui perdure aujourd’hui. Ces initiatives ont permis de diffuser dans ces régions une composante plus politique du syndicalisme : le syndicalisme de transformation sociale. À ce titre, le centre de formation de Ouagadougou qui a opéré entre 1997 et 2016 était une référence régionale qui reste profondément ancré dans la mémoire collective.

Bienvenue sur le blog actualités internationales du SNES-FSU !

Vous trouverez ici des informations sur les actions de coopération avec les syndicats d’autres pays, les analyses et réflexions du SNES-FSU sur l’actualité internationale, des comptes-rendu d’instances internationales dans lesquelles siège le SNES-FSU. Des remarques, des questions ?
Contactez nous : internat@snes.edu