Les grands thèmes du congrès
4 grands thèmes ont retenu l’attention des congressistes pendant ces quelques jours : les salaires, la formation, le temps de travail et l’adaptation du métier aux phases de la vie.
Les salaires
Pendant plusieurs années, la rémunération n’était pas un sujet de discussion prioritaire pour la profession car le salaire des enseignant·es était plutôt bon par rapport au reste de la fonction publique. Cependant, ce n’est plus le cas aujourd’hui, il s’agit désormais d’un « gros sujet » de discussion.
Le temps de travail
Au Danemark, le temps de travail des enseignant·es est annualisé et c’est employeur qui décide de la proportion d’heures de cours sur ce total. Or, en fonction de la quantité retenue, la vie quotidienne peut être très différente. Le système danois est également très décentralisé, chaque école doit élaborer son propre plan annuel et chaque plan local définit un plan individuel annuel à chaque enseignant·e. En fonction de l’établissement, l’élaboration de ces plans peut créer de fortes tensions. Par ailleurs, le Danemark est actuellement traversé par des débats, sur le passage de la semaine de 5 jours à 4 jours et à la semaine de 30h (37h actuellement).
Accorder le métier aux phases de la vie
Tout commence avec l’idée que les besoins des enseignant·es diffèrent en fonction du moment de la vie ou de la carrière qu’elle ou il se trouve. L’objectif est de trouver le meilleur équilibre possible entre la vie professionnelle et la vie personnelle, ce qui requiert de la flexibilité. Prenons l’exemple d’une famille avec des enfants en bas âge, l’idée serait de réduire le temps de travail pendant quelques années pendant que les enfants sont petits puis de travailler un peu plus quand ils seront grands. Ce thème pose aussi la question de la fin de carrière et sur les solutions à mettre en œuvre pour la terminer dans de bonnes conditions.
La formation
La question de la formation continue était également en débat. Doit-elle être de la seule responsabilité de l’employeur ou un objet de négociation avec ce dernier ?
Discours d’ouverture de Gordon Ørskov Madsen, Président de DLF
Le président de DLF souligne les besoins, très importants, de financements dans l’éducation et dans les services publics en général en même temps qu’il pointe du doigt le manque de volonté politique d’un gouvernement « qui trouve des millions pour tout, sauf pour l’éducation ». Il appelle à sortir d’une vision austère et court-termiste car l’école est un lieu du temps long. Les investissements d’aujourd’hui ne porteront leurs fruits que dans plusieurs années.
La pénurie d’enseignant·es, en particulier à l’école primaire, frappe également le Danemark. D’ici à 2030, il faut 30 000 recrutements mais le métier n’attire pas. Pour le Président, « une hausse notable des salaires est une bonne part de la solution à la pénurie ». La passion est là mais les conditions de travail ne donnent pas envie de continuer dans la profession. La multiplication des tâches a des impacts sur la vie quotidienne des collègues: « Pour enseigner il faut de l’énergie et du temps mais on voit de plus en plus de burn-out ». Il termine son discours sur un appel à l’engagement, « face à des employeurs qui se permettent de faire des contrats 0h, les travailleuses et les travailleurs les plus jeunes doivent comprendre l’importance du syndicat et sentir l’importance d’appartenir à un collectif qui marque la différence. »
Visite de l’école Islands Brygge
Cette cité scolaire, un modèle courant au Danemark, accueille 1400 élèves de 6 à 16 ans ainsi que 100 enseignant·es, spécialistes d’une discipline, et 50 « pédagogues », des personnels plus généralistes capables d’accomplir plusieurs tâches, certain·es d’entre eux sont en classe. L’école a un budget annuel de 16.5M€ (incluant les salaires) sur des fonds entièrement publics mais locaux (le système éducatif danois est financé par les collectivités). Le budget est modulé en prenant en compte le nombre d’élèves et la population socio-économique de l’établissement.
Cette école, inaugurée en 1971 a été rénovée à la fin des années 2010. Les espaces, vastes et lumineux, avec de nombreux accès à des points d’eau et où le tri sélectif est omniprésent attirent l’attention. Le sport est à l’honneur, un grand gymnase se trouve dans le hall central ainsi que les espaces verts dans la cour de récréation.
Dans les salles de classes, où les cours durent 45 minutes, les tables sont disposées en îlots et chaque salle dispose d’un vaste écran numérique. Des pompes à chaleur régulent la température de la pièce. Ces salles sont adaptées aux effectifs rencontrés. La classe la plus nombreuse que nous avons rencontré comptait 28 élèves mais avec 3 adultes dans la pièce, les autres groupes semblent tourner autour de 16-18 élèves. Lors des échanges avec ces derniers, ils mettent en avant la grande écoute de leurs enseignant·es. Les élèves disposent également de nombreuses salles de travail pour les travaux de groupe, chacun s’est vu remettre par l’établissement un ordinateur portable lors de l’entrée de ce qui correspond à notre sixième.
D’autres aspects sont plus surprenants, la journée n’est pas rythmée par les sonneries, il n’y a pas non plus d’horloges dans l’école « afin d’apporter une plus grande fluidité et davantage de bien être » (avec quelques conséquences sur les retards).
A propos du harcèlement scolaire
Nous avons profité de notre présence au Danemark pour interroger beaucoup de gens sur ce qu’on appelle chez nous le « modèle danois » contre le harcèlement scolaire et sur les « cours d’empathie » ou le « fri for mobberi » dont on entend beaucoup parler. Force est de constater qu’au-delà de quelques regards étonnés, nous n’avons pas obtenu beaucoup de réponses. Il s’agirait d’interventions réalisées par des ONG comme Save the children ou des associations extérieures qui expliquent aux élèves l’importance de se faire des amis ou de se parler correctement entre eux. Rien de révolutionnaire. Même son de cloche dans l’école que nous avons visité où une campagne sur la communication entre élèves a été menée par un des « manager », comprendre l’équivalent d’un chef adjoint.
S’inspirer n’est pas copier
Au terme de ces quelques jours à Copenhague, on constate que nos camarades danois connaissent des difficultés qui nous sont familières. L’austérité tout d’abord, les investissements dans l’éducation en pourcentage de PIB restent plus importants qu’en France mais sont en chute. L’inflation et le temps de travail sont des préoccupations dans un pays jusque là éloigné des problématiques salariales. La pénurie d’enseignant·es n’épargne pas non plus ce pays, confirmant qu’il s’agit bien d’un problème mondial.
Les effectifs réduits, le travail réalisé sur le bien-être et le soin apporté au bâti scolaire sont des sources d’inspiration. Cependant, la flexibilité très présente, tant sur les horaires que sur les contenus (l’approche est moins disciplinaire), conduit à une multiplication des tâches qui épuise les personnels. De même, la prédominance presque systématique du local sur le national génère des différences de salaires et de conditions de travail d’un établissement à l’autre.
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