Un système décentralisé
Notre système éducatif est différent du vôtre. C’est un système décentralisé. Chez nous, le gouvernement donne de l’argent aux comités de gestion scolaire, le niveau de gestion entre le gouvernement et le directeur d’établissement ou le proviseur. Il revient à eux de s’occuper de tout. Ce sont les établissements eux-mêmes qui procèdent au recrutement des personnels enseignants.
Pénurie d’enseignants
Aux Pays-Bas, il y a un manque important de professeurs, dans tous les secteurs de l’éducation. Dans le secondaire, beaucoup de collègues quittent le métier après quelques années de travail (environ 30% en 5 ans) ou partent à la retraite (environ 30% des collègues ont plus de 55 ans). En même temps, il n’y a pas assez d’étudiants qui suivent la formation pour devenir professeur. C’est un problème qui existe depuis des années, causé entre autres par les salaires relativement bas et une charge de travail très lourde, mais qui est devenue de plus en plus difficile à supporter.
En collège comme en lycée, il est presque impossible de trouver des enseignants dans certaines matières comme les mathématiques, les sciences, le néerlandais ou le français. Pour ‘résoudre’ ce problème, des établissements décident parfois de réduire le nombre de cours pour certaines matières, parce qu’il n’y a pas d’autre solution. Autre phénomène à noter, certains établissements embauchent des professeurs ‘flexibles’ par l’intermédiaire d’agences d’intérim à but commercial. Il est évident que cette situation a des conséquences pour la qualité de l’éducation aux Pays-Bas. L’inspection de l’éducation signale depuis quelques années ce problème et considère que le manque de professeurs est une menace pour la qualité de l’enseignement public.
Une privatisation qui gagne du terrain
Dans une telle situation, on peut aisément comprendre que des parents qui ont assez d’argent cherchent des solutions pour leurs enfants. Tant que l’éducation publique ne suffira pas pour obtenir une bonne formation, les parents feront suivre des cours de soutien à leurs enfants. Et voilà où la privatisation s’introduit, d’abord hors de l’école, puis au sein même des collèges et lycées. Ces dernières années, est né un marché qui est en pleine expansion pour les cours de soutien selon des formes différentes. Il y a des élèves qui suivent des cours de soutien plusieurs fois par semaine ou qui reçoivent une aide aux devoirs. D’autres suivent des entraînements spéciaux pour les examens.
Commercialisation en cours
Au cours des 23 dernières années, les dépenses des parents pour ces cours de soutien ont augmenté de 26 millions allant jusqu’à 284 millions d’euros par an. Le nombre d’entreprises qui s’occupe des cours de soutien a augmenté de 3396 en 2017 jusqu’à 5462 en 2022. C’est une augmentation de 61% en cinq ans. Sur le site de la chambre de commerce, on trouve même des conseils pour créer une « entreprise pour l’éducation ». Et on n’a pas besoin d être titulaire d’un diplôme pour donner ces cours de soutien. On peut voir des trams avec de la publicité pour un organisme qui prétend aider les élèves à réussir leurs examens ou pour obtenir un niveau plus élevé et à la radio on peut entendre des publicités pour des établissements privés qui promettent que leurs élèves réussiront mieux . L’éducation est devenue une entité commerciale, quelque chose dont des entreprises peuvent profiter. À cause de la privatisation de l’éducation, la différence entre les plus riches et ceux qui ont moins d’argent est encore plus forte. L’éducation devrait donner aux enfants l’égalité des chances pour un bel avenir, mais avec ces évolutions, le compte bancaire des parents devient quelque chose de plus en plus important.
Les effets du Covid et des périodes de confinement
Après plusieurs confinements aux Pays-Bas, on a constaté que nos élèves cumulent des retards dans leur éducation et leur développement. Je crois que vous avez les mêmes expériences. Alors, chez nous, le gouvernement a alloué 8,5 milliards d’euros à l’éducation pour résoudre ce problème. C’est une somme considérable mais notre gouvernement a décidé que tout cet argent doit être dépensé dans les deux ans et demi qui viennent. C’est un investissement unique. Toutes les écoles ont reçu de l’argent. On a suggéré qu’on pouvait recruter plus de professeurs pour aider les élèves ou bien qu’on pouvait réduire le nombre d’élèves dans les classes ce qui nécessite de recruter plus de personnels. Mais la pénurie d’enseignants fait que ce n’est pas si facile que cela de dépenser de façon appropriée l ’argent attribué par le gouvernement.
Dans les enquêtes réalisées par l’AOB , il y a des adhérents qui sont engagés dans ces cours de soutien pour aider les élèves. L’AOB estime que de tous ces milliards d’euros, environ 30% sont dépensés pour des bureaux commerciaux. En fait, nos établissements pourraient utiliser cet argent d’une autre façon. On voit bien que ce sont les organismes à but commercial qui profitent des investissements venant du gouvernement.
Investir dans l’éducation
C’est une responsabilité de notre gouvernement d’investir structurellement dans l’éducation pour résoudre nos problèmes. La qualité de notre éducation pourrait s’améliorer pour tous nos élèves et tous ces cours de soutien ne seraient plus nécessaires. Il est donc impératif de valoriser les personnels et leur autonomie et d’améliorer leurs conditions de travail. Notre métier aurait ainsi le statut qu’il mérite et nos élèves bénéficieraient de l’éducation qu’ils méritent.
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