De nombreux participants pour des constats très proches

La plupart des syndicats européens de l’éducation sont affiliés à l’Internationale de l’Éducation (IE) et forment en son sein la région européenne de l’IE appelée CSEE (Comité Syndical Européen de l’Éducation). Beaucoup d’entre eux ont pu déléguer un représentant pour participer à cet atelier sous forme de webinaire : des collègues britanniques, belges, néerlandais, italiens, allemands, danois, norvégiens, portugais, polonais, hongrois, slovènes, roumains ont ainsi pu échanger avec ceux du SNES-FSU.

Les principales thématiques abordées ont montré des situations très proches voire similaires dans le domaine de la crise du recrutement. Manuela Mendonça, de la FENPROF (Portugal) a indiqué que beaucoup d’enseignants portugais étaient aujourd’hui proches de la retraite et que le pays faisait face à une grave crise de recrutement. C’est le cas aussi en Pologne, en Roumanie, au Royaume-Uni. Les causes de la crise de recrutement sont bien connues, et similaires à celles rencontrées en France : la faible attractivité du métier est liée à de trop faibles rémunérations, surtout en début de carrière (600 euros en Roumanie, par exemple) et à une perte sensible du pouvoir d’achat enseignant sur dix ans. Seuls les syndicalistes flamands, allemands, danois et slovènes ne dénoncent pas des salaires trop bas par rapport aux qualifications. Notre collègue Celia Dignan de la NEU (Angleterre) souligne que « les salaires n’ont quasiment pas augmenté depuis 2010 alors que le prix ont beaucoup augmenté, ainsi on estime la perte de pouvoir d’achat des enseignants anglais à au moins 15 % en dix ans ». En conséquence, plusieurs matières, surtout scientifiques ont vu leur vivier de recrutement se réduire considérablement. Aux Pays-Bas, cette pénurie d’enseignants conduit l’État à se tourner vers des agences privées de recrutement, ce qui est très coûteux.

Un autre constat a été le prix très élevé payé par la profession enseignante dans la crise sanitaire : même si les politiques nationales ont différé et diffèrent encore (entre fermetures prolongées ou brèves, confinement, port du masque, usage prolongé ou non de l’enseignement hybride), partout c’est l’épuisement professionnel des enseignants qui est pointé du doigt et la situation souvent chaotique de l’enseignement lorsque le choix a été fait de maintenir les écoles ouvertes. Cependant chacun reconnaît que les fermetures prolongées ont accru les inégalités et que l’enseignement à distance n’est pas satisfaisant.

Enfin, Lies van Rompaey, de la CSC, syndicat belge flamand de l’éducation, a indiqué que l’inclusion des élèves souffrant de handicaps ou à besoin particuliers était une problématique montante, ce qui n’étonnera guère les enseignants français confrontés aux mêmes interrogations.

Et maintenant ?

Pour la plupart des participants, la sortie de la crise sanitaire n’est malheureusement pas certaine, plusieurs pays font face à des taux d’incidence très élevés (Royaume-Uni, Roumanie, Pays Bas, Danemark) et vont avancer et/ou prolonger les vacances de Noël (Belgique, Danemark, Portugal).

Le président français a annoncé sa volonté de renforcer les investissements dans « l’économie de la connaissance » et le numérique, mais Trudy Kerperien, de l’AOB (Pays-Bas) fait remarquer qu’ « il faut être vigilant au fait que l’Union européenne favorise très souvent les partenariats public/ privé et que lorsque l’on parle d’investissements importants, il faut voir où va l’argent… S’il va massivement vers des entreprises privées, l’enseignement public ne sera pas gagnant ».

Dorota Obidniak du ZNP (Pologne) met l’accent sur les conditions de travail des enseignants qui se sont considérablement dégradées avec la crise et évoque un stress, voire une insécurité face aux pressions des parents et du pouvoir politique : « le problème n’est pas d’avoir un bon accès au numérique mais que les syndicats ne sont pas écoutés quand ils évoquent le stress et l’insécurité dans laquelle se trouvent beaucoup d’enseignants ».

Enfin, les constats quant à la qualité du dialogue social entre syndicats et gouvernements sont variés, mais à l’exception de la Belgique, de l’Allemagne et du Danemark, les syndicats européens déplorent soit un affichage de dialogue sans réalité effective (aux Pays-Bas, au Portugal), soit la dégradation ou l’absence de dialogue (en Pologne, Roumanie, Slovénie, au Royaume-Uni).

La rencontre s’est conclue sur le constat que les problématiques des syndicats européens de l’éducation étaient très proches et qu’il fallait saisir au vol les ambitions affichées de la présidence française afin de voir comment porter des revendications communes sur la nécessité de revaloriser la profession enseignante partout en Europe. Un prochain webinaire est d’ores et déjà programmé fin janvier afin de poursuivre la réflexion.


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