C’est un tableau sombre de la situation des enseignants dans les dix départements géographiques du pays que présentent les principaux syndicats de l’éducation à Haïti. Le salaire des enseignants et enseignantes du secteur public a subi une réduction d’environ 50% de sa valeur suite au taux d’inflation et la dévaluation de la monnaie nationale par rapport au dollar américain. La grande majorité des enseignants du secteur privé n’a perçu aucun salaire durant la période dénommée « peyi lòk » et pendant de l’état d’urgence sanitaire décrété par le gouvernement en dépit des mesures d’accompagnement annoncées au profit de cette catégorie professionnelle. D’autre part une situation d’insécurité s’installe aux environs des écoles qui se trouvent dans des quartiers populaires et de certaines villes de province (Cité Soleil, Grand ravine, Village de Dieu, petite Rivière de l’Artibonite …).
C’est la raison pour laquelle les syndicats ont appelé à la mobilisation de la profession dès la rentrée, prévue le10 août dernier.
Quelle a été la réponse des autorités ? Une répression à tout va, frappant notamment les dirigeants des trois principaux syndicats de l’éducation (CNEH, UNNOH et UNNOEH), soit par une privation de salaire, soit par des mutations arbitraires loin des lieux de résidence. Cette attitude est dans la droite ligne du gouvernement dirigé par Jovenel Moise et de son ministre de l’éducation, qui ont interrompu tout dialogue social, notamment sur des protocoles signés avant leur arrivée au pouvoir. Au-delà, la gestion calamiteuse de la crise sanitaire a totalement déconsidéré le président Moise auprès de la population.
L’Internationale de l’éducation et le comité syndical francophone de l’éducation et de la formation ont lancé un appel à solidarité qui a été entendu. De nombreux messages de protestations ont été envoyés au gouvernement haïtien. Ainsi nos camarades se sentent soutenus dans leur lutte légitime. Une grande journée de solidarité a été organisée le 22 septembre pour réclamer l’annulation des mandats d’amener illégaux pris à l’encontre de responsables syndicaux.
Dans un communiqué de presse commun, les syndicats d’enseignants renouvellent leur engagement à poursuivre la mobilisation en vue de continuer à exiger de l’État Haïtien la garantie du droit à l’éducation publique de qualité pour toutes et pour tous. Ils rappellent aussi qu’ils ont soumis un cahier de charges avec des demandes sociales formulées autour de trois axes : condition enseignante, qualité et accès. Les Syndicats d’Enseignants Haïtiens remercient toutes les organisations sœurs de tous les continents de la planète et celles de la société haïtienne qui ont témoigné leur solidarité à la lutte syndicale par des protestations exprimées contre les manœuvres de répression orchestrées par le Ministre de l’éducation. Ils écrivent notamment que « cette solidarité agissante constitue une source d’énergie qui renforce la détermination des enseignantes et enseignants à poursuivre la lutte sous toutes les formes définies par la constitution et les lois de la République jusqu’à la satisfaction de la demande d’une éducation publique de qualité pour toutes et pour tous. »
STOP À LA RÉPRESSION, OUI AU DIALOGUE SOCIAL
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