On en sait un peut plus sur les circonstances et les motifs des arrestations de Ahmed-Kadar Nour, secrétaire général du SEP et de Omar-Ali Ewado, secrétaire général adjoint.
Omar-Ali a été arrêté dans la rue dimanche 19 mars au crépuscule, devant un de ses enfants qui l’accompagnait. Il a été conduit au siège du SDS et placé en isolement. Pendant 48h, personne ne lui a indiqué les motifs de cette arrestation, Omar-Ali a refusé de s’alimenter par crainte d’empoisonnement. Il était enfermé dans une cellule, sans livre, sans interlocuteur.
Ahmed-Kadar a été averti le lendemain lundi 20 mars d’une convocation au SDS, sans motif également. Dans le même temps, le ministère de l’Éducation nationale le menaçait d’une accusation d’abandon de poste s’il ne venait pas travailler dans son école. Pris entre deux feux, ne pas se rendre à la convocation ou abandonner son poste, Ahmed-Kadar n’a pas eu à réfléchir longtemps car la sécurité est venu l’arrêter dans la matinée.
Les deux syndicalistes n’ont pas pu communiquer durant les 8 jours de détention, ils ne se sont retrouvés qu’au moment de leur libération lundi 27 mars au matin. Ce n’est qu’après avoir été interrogés qu’on leur a fait comprendre le motif de leurs arrestations: c’est le fait d’avoir envoyé un courrier au président turc Erdogan et à l’ambassade turque à Djibouti qui protestait contre les licenciements et arrestations d’enseignants en Turquie depuis le coup d’état manqué de juillet 2016. Ajoutons que cette lettre faisait partie d’une vaste campagne internationale initiée par l’Internationale de l’éducation pour manifester la solidarité avec le syndicat turc de l’éducation Egitim-Sen
L’enquête du SFDS a été bouclée très rapidement puisque les deux camarades ont «avoué» leur geste de solidarité et de soutien, ce qui les honore quand on pense au risque qu’ils ont pris. Ils ont alors été accusés de diffamation et d’offense au chef de l’État turc. On appréciera le pouvoir de nuisance de M. Erdogan dans son pays et hors de ses frontières.
Parallèlement, le ministère de l’Éducation a instruit le dossier d’abandon de poste pour nos deux camarades qui étaient incarcérés; là, on notera que le sens de l’humour du gouvernement Djiboutien est particulièrement grinçant. Les suspensions de salaires dont sont victimes nos camarades n’ont aucune base légale mais malgré les difficultés financières qui en résultent pour eux et leurs familles, malgré les menaces, ils sont déterminés à se battre pour faire rétablir leurs droits.
Alors plus que jamais nous devons les soutenir.
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