La troisième édition de cette réunion de 34 syndicats latino-américains ( 18 pays ) de l’éducation s’est tenue à San José, capitale du Costa Rica, du 2 au 4 décembre 2015. Pour les syndicats européens de l’éducation, le SNES était représenté ainsi que Laraforbundet (Suède) et UEN (Norvège). A noter également la présence du NEA pour les États-Unis d’Amérique.

Hugo Yasky considère que l’unité des peuples – latino-américains et au delà – est un élément clé pour la transformation sociale. L’intégration latino-américaine est donc indissociable du mouvement pédagogique. Elle lui est attachée et découle de son développement. Hugo Yasky va jusqu’à proposer une réflexion sur l’intégration des syndicats européens dans le mouvement.

Il défend l’éducation publique comme un bien et un droit social. Dans cette perspective, le MP se veut force de propositions alternatives aux politiques publiques d’éducation. Il réaffirme son attachement aux acquis des gouvernements progressistes de ces derniers années dans un contexte de recul de la gauche latino-américaine ( perte de la présidence en Argentine, des élections législatives au Venezuela et difficultés pour la Présidente du Brésil issue du parti des travailleurs). D’ailleurs les ministres de l’éducation du Costa Rica, de la Bolivie et du Salvador seront invités à exposer leurs vues et leurs actions sur le système éducatif.

Le représentant du SNES a rappelé en plénière que nous soutenions financièrement l’initiative de l’IEAL pour construire un site intitulé observatoire latino-américain des politiques éducatives (OLPE). Ce site a pour objet principal de faire connaître les analyses, opinions et actions des syndicats de l’éducation afin de participer au processus d’intégration latino-américain et de proposition de politiques éducatives alternatives.

En hommage à l’action du gouvernement d’Evo Morales en faveur de l’éducation par et pour les nations indigènes du pays, il propose d’organiser le prochain MPAL en Bolivie.

David Edwards, Secrétaire général adjoint de l’Internationale de l’Éducation (IE), rappelle que l’IE a reçu un mandat politique à Ottawa qui est de défendre l’éducation publique contre les privatisations, que les gouvernements du monde entier ont signés pour des buts soutenables parmi lesquels un salaire décent pour des professeurs qui restent indispensables, quoi qu’en dise la Banque Mondiale, pour le fonctionnement des systèmes éducatifs.

A retenir l’exposé du Ministre de l’éducation bolivien qui met en avant le fait que la croissance du PIB, notamment grâce à la récupération de la rente d’exportation en hydrocarbure a permis de mener à bien la réforme qui instaure un droit à l’éducation gratuite, tout au long de la vie et obligatoire jusqu’au baccalauréat. Dans ce pays une innovation hors du commun consiste à donner la possibilité aux 36 nations indigènes qui le constituent, d’ éduquer les enfants dans leur langue maternelle tout en construisant une harmonisation des programmes au niveau national. C’est ainsi que l’éducation est aujourd’hui en Bolivie intra culturel, interculturel et plurilingue.

Ont été également débattues les stratégies adoptées par les multinationales en vue de privatiser l’éducation. Pour illustrer ce thème, Antonio Olmedo, chercheur à l’Université de Roehampton au Royaume-Uni, a donné une conférence sur « Le processus de privatisation et de commercialisation de l’éducation ». Il a montré que les transnationales ne sont pas forcément visibles mais interviennent par le biais de donations dont on peut douter qu’elles soient philanthropiques contrairement aux prétentions affichées. Et c’est parfois au sein même des gouvernements que le « ver est déjà dans le fruit ». Les sommes à investir pour des multinationales dont le budget est parfois nettement supérieur à plusieurs états réunis sont peu de choses au regard des perspectives à en attendre.

Mais fidèle à son enracinement dans la pédagogie, le mouvement a aussi donné la parole à des collègues pour qu’ils exposent leurs expériences de terrain. Par exemple, deux enseignantes argentines ont expliqué comment elles avaient organisé pour leurs élèves une visite à un tribunal chargé de juger des militaires compromis dans la dictature ayant sévi dans ce pays entre 1976 et 1983.

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